L'histoire :
Résidence Casa Blanca, quartier La Jolla, San Diego, côte Californienne, de nos jours. « Clarissa ! Clarissa ! ». En pleine nuit, un cri réveille l'hôtel et ses pensionnaires. C'est Monsieur Hubert de Saint-Just qui vient de constater que sa femme a disparu. Autour de la piscine, tout le monde disserte et glose sur cette étrange affaire. Francesca pense surtout à la sale nuit qu'elle a passé, Vincenzo penche pour un enlèvement et Ingrid pense que Clarissa a quitté son mari. En effet, elle a surpris une conversation entre deux femmes de chambre qui disaient avoir trouvé sous l'oreiller d'Hubert, une lettre chiffonnée de Clarissa où la jeune femme annonce qu'elle les quitte, lui et leurs deux filles, pour partir avec Hakeem Da Silva, le jeune prof de tennis, sur une île. Pour eux, c'est un coup de folie, un point c'est tout ! Brett Burroughs, écrivain de son état, débarque au bord de la piscine et leur fait part de son point de vue. Pour lui, une union faite de longues années de déceptions et d'ennui avait peut-être préparé cette femme à devenir la proie consentante d'un homme aussi charmeur qu'Hakeem. Madame Z, une femme âgée qui passait par là, écoute d'une oreille mais avec intérêt les propos de Burroughs. Elle l'invite dans sa chambre pour lui raconter son histoire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec des chefs d'œuvre tels que le Joueur d'échecs et la Confusion des Sentiments, Stefan Zweig figure parmi les écrivains les plus emblématiques de la littérature du XXème siècle. 24 heures de la vie d'une femme fait également partie de ses œuvres majeures. Le texte est d'une impressionnante modernité pour qui l'a lu, portant sur la femme libre dans toute sa splendeur, dans la lignée de Madame Bovary de Flaubert ou de Jane Eyre de Charlotte Brontë. Nicolas Otero, qui s'était signalé par son précédent album Confession d'un enragé, n'a pas choisi la facilité avec cette mystérieuse histoire de disparition d'une femme suscitant l'émoi et l'incompréhension dans la communauté. Plutôt que d'adapter stricto sensu le récit dans son époque d'origine, il a choisi de transposer l'intrigue dans les eighties et en Californie, loin de la Riviera des années 30. Il s'empare du texte initial avec une belle puissance narrative, en glissant ci et là des références à l'âge d'or d'Hollywood (les phalanges du joueur tatouées « Love & Hate », en référence à La Nuit du Chasseur) et la pop culture des années 80 (De Palma, Scorcese, Coppola en tête). La couverture signée 1ver2anes (alias Vérane Otéro, la compagne de l'auteur) est tout simplement sublime. Force est de constater que le dessin de Nicolas Otéro n'est pas dans la même veine, mais il nous emporte littéralement dans un récit prenant.