L'histoire :
Au moment même où Robin rompt avec Alicia, un puissant tremblement de terre se produit dans leur ville, Barcelone. Alicia s’en va, définitivement, abandonnant Robin désarmé et nu comme un ver dans son appartement. Profondément atteint par cette rupture subite, il reste seul, totalement atone devant le spectacle de la ville qui s’émiette. 6 mois ont passé, la ville s’est reconstruite. Robin tente enfin de renouer avec le flirt lors d’une soirée mondaine… en vain. Il n’arrive pas à faire son deuil d’Alicia. Il l’a dans la peau : il connait tout d’elle, ses goûts, son style de vie, ses moindres désirs… et serait prêt à les accepter à présent. S’il le pouvait, il ferait des concessions sur tout son être et son caractère, et retournerait avec elle. Ce retour lui semble toutefois impossible, tant ils se sont dit des choses affreuses. Il a alors une idée : il va changer de tête et d’identité et conquérir son cœur. Il en a les moyens financiers, il est écrivain à succès et donc mobile : il peut s’expatrier en Suisse quelques temps. Quelques mois plus tard, après une opération de chirurgie esthétique, il est devenu Malo Bordenave et s’arrange pour faire la rencontre fortuite d’Alicia…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le sujet de ce petit one-shot astucieux est la reconquête d’un amour perdu, un fantasme mainte fois vécu… surtout dans les premiers temps suivant une rupture. Subtil, le récit évoque tour à tour le désarroi infligé, le « deuil » nécessaire, les concessions qu’on regrette d’avoir négligé… Surtout, il emprunte un biais astucieux pour retranscrire les états d’âmes résultant d’une séparation ou d’un divorce. En effet, comme l’indique partiellement le jeu de mots du titre, à chaque émoi sentimental profond chez Robin, un cataclysme se produit ! Est-ce son bouillonnement intérieur qui est à l’origine des tremblements de terre, ou une formidable et improbable coïncidence ? Antoine Ozanam laisse ouverte l’ambigüité et cette exquise feinte narrative s’avère le meilleur atout de cette chronique sociale sentimentale. L’explication importe peu : seule compte la symbolique. D’autre part, le dessin élégant de Sergio Melia colle parfaitement au ton du récit, rehaussé par des couleurs douces et pastelles. On s’amuse donc volontiers de la tendre supercherie que monte le héros, en dépit des commodités de l’idée (la chirurgie esthétique ne change ni la voix ni les détails intimes du corps…). On se pique au jeu, épiant avec délectation le moment où le faux pas va surgir… C’est finalement une conclusion inattendue et bien sentie qui terminera de nous séduire totalement. A découvrir !