L'histoire :
Pistonné par les « hautes » connaissances de son père, chef de la Police à Cologne, et suite à une mutation disciplinaire pour bavure, le commissaire Gereon Rath intègre la brigade des mœurs de Berlin dans les années 20. Très vite, il se retrouve en charge d’une grosse enquête, un homicide. Une voiture et son chauffeur ont été retrouvés dans le canal, le Landwehrkanal. Or le cadavre n’est pas mort par noyade, mais en amont de l’accident, qui serait donc un meurtre maquillé. Mais pourquoi et par qui ? La quête d’indices commence pour notre inspecteur. Il va devoir s’immiscer dans le monde de la nuit pour les besoins de son enquête. Il est guidé par Charlotte Ritter, dite « Charlie », la secrétaire du commissariat, amatrice de charleston, avec qui il entame une liaison. Elle va lui faire découvrir la luxure des nuits berlinoises, le jeu, le sexe, l’argent. Il y côtoie des collègues et hauts fonctionnaires corrompus. Dans ce milieu, chacun doit faire des choix et sacrifices pour s’intégrer. Il fait face à des enjeux financiers et politiques importants et son Intégrité est menacée par la tentation et la corruption environnante. Mais il est ambitieux et doit faire ses preuves pour intégrer un jour la prestigieuse brigade criminelle d'Ernst Gennat. Alors Rath reste méfiant à l’égard de son supérieur, qu’il soupçonne de trafiquer avec des gens peu honnêtes. Les affaires s’enchaînent ; la disparition inquiétante de la « Comtesse », des meurtres, les manifestations ouvrières sanglantes des « Rouges », les trafics de drogue, les vengeances politiques, la pornographie... Son jeune collègue Janicke est assassiné. Le « château » (le QG du commissariat) est aussitôt en ébullition, les enquêtes en cours sont stoppées, il faut retrouver le coupable. Et il n’est pas au bout de ses surprises...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous forme d'un récit complet et one-shot, cet opus est l'adaptation d’une trilogie de polar romancée par Volker Kutscher. En 2010, une série éponyme voit le jour, tournée en 16 épisodes et produite par Netflix (diffusée actuellement sur Canal +). Le récit est décliné en chapitres, avec des pages spéciales qui rappellent les dossiers supports de police judiciaire de l’époque, en cuir. On découvre ici une Allemagne qui se relève doucement de sa défaite de 14-18 et une capitale qui peine à cicatriser de ses blessures et de ses humiliations. On constate l’amertume populaire et les prémices du nazisme ! Le personnage central, Ruth, est un brin manipulateur, au point qu’au fil des pages le lecteur arrive parfois à douter de sa sincérité. Le scénario est cela dit bien ficelé du début à la fin, qui réunit tous les bons ingrédients d’un bon polar, pour un résultat à la hauteur. L’enquête est aussi prenante que frissonnante. Pour renforcer l'aspect roman noir, les encadrés de narration sont écrites à la mode dactylo de l’époque. Le titre est un clin d’œil à Babylon, célèbre ville antique et symbole biblique de la décadence. Le graphisme précis, monochrome, menaçant et sombre, retranscrit bien l’ambiance de Berlin à cette époque et se marie à merveille avec le scénario qui nous plonge dans les années 20 d’après-grande-guerre.