L'histoire :
Suite au décès de leur père, les trois enfants Baudricourt héritent de l'exploitation vinicole familiale : le Château Le Chêne Courbe, un vaste domaine situé au cœur du Médoc. Hélas, vu le passif comptable de l’affaire, les deux frères comptent se séparer rapidement de la propriété. Leur décision est suspendue à l’accord de leur sœur Alexandra. De retour après 15 ans d’exil aux Etats-Unis, celle-ci est en revanche déterminée à perpétuer la tradition familiale. Cet héritage est pour elle l’opportunité de recommencer une nouvelle vie, alors qu’elle vient d’être remerciée par son ancien patron, qui était également son compagnon. Ce château possède une aura particulière pour Alexandra : c’est la terre de son enfance. Décidée à reprendre en main le vignoble paternel, après être tombée sur un manuscrit de son père, Alexandra se retrouve rapidement au pied du mur. Elle doit affronter l’hostilité de son entourage : ses frères veulent la dissuader face à l’ampleur de la tâche, son amour de jeunesse Patrick Dorgemont manigance dans l’ombre… Elle sait aussi que pour réussir, elle va devoir tout apprendre dans ce monde d’hommes où rien n’est gagné d’avance. La fabrication d’un grand cru ne s’improvise pas…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis Les maîtres de l’Orge et Flor de Luna, on attendait qu’une nouvelle saga investisse le genre bien balisé de la petite entreprise familiale qui prospère et périclite à travers les époques. Avec Châteaux Bordeaux, Glénat nous en ressert une bonne rasade. Il faut dire que les terres bordelaises sont propices à l’exercice. Elles cultivent l’art ancestral des grands crus et celui des secrets, derrière des bâtisses façonnées en pierre de taille. Seul un maître du scénario, le prolifique devant l’éternel Éric Corbeyran, pouvait ajouter cette corde à son arc. Régional de l’étape (il habite la cité gasconne depuis presque 25 ans), il s’est frotté à tous les genres du 9e art. Ici, le marseillais de naissance nous gratifie ici d’un scénario fouillé et nourri de références vinicoles. Il pose les bases d’une intrigue proche d’un Dallas à la française. Avec le brio qu’on lui connaît, il s’appuie sur les talents graphiques de son fidèle acolyte (et non alcoolyte) Espé. Son trait léché et réaliste donne toute sa dimension à cette histoire. Espé sait faire parler les situations sans dialogues (planche 13, quand Alexandra retrouve les souvenirs de son enfance), excelle pour reproduire les lieux (planche 33 et 34, le manoir délabré situé sur l’île du domaine ; planche 27, St Émilion ; planche 48, quai des Chartrons). L’alchimie entre les deux auteurs fonctionne de mieux en mieux. Toutefois, attendons un peu avant de nous prononcer sur la tenue de cette saga, qui peut devenir un premier cru classé ou un cru bourgeois. Le deuxième tome, programmé pour la fin de l'année, devrait nous éclairer davantage.