L'histoire :
Dakota est une jeune femme dotée de super pouvoirs, membre de la Division Territoriale, un service chargé de maintenir l'ordre et la sécurité du monde. A l'heure où les super héros sont devenus quasi majoritaires, leur style de vie, leurs exigences se sont imposés à la société toute entière. Pas de costume ni de combat épique, mais des Monsieur tout le monde dotés de super pouvoirs qui ont verrouillé la société. Les humains normaux, désignés sous le nom de Collapses, sont maintenus à l'écart d'un monde pseudo idéal. Rares sont ceux qui peuvent cotoyer les super héros. Il faut avoir franchi les étapes d'endoctrinement d'écoles ultra élitistes pour prétendre à des tâches subalternes aux côtés des privilégiés du régime. Culte de l'apparence physique, rejet des cultures étrangères et pensée unique sont l'essentiel de la vision politique des nouveaux maîtres. Aussi, lorsque Gordon Ox, un collapse, ose s'introduire dans un diner select, il se fait rapidement remarquer par son comportement « anormal », et doit s'enfuir. Lorsque la police finit par s'approcher de lui, elle le voit disparaître dans un halo de lumière, dans les bras de Flaming Lips, une ancienne super héroïne membre de la même division que Dakota. Flaming Lips était portée disparue depuis de longues années. Son retour en pleine lumière révèle-t-il le début d'une brêche dans ce système ultra contrôlé ? Pourquoi a-t-elle sauvé la vie d'un collapse ? Pour retrouver les traces du fugitif, Dakota va enquêter à la source, dans l'école qui a formé Gordon Ox...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile mise en place pour ce nouvel univers issu de l'imagination fertile de Jean Dufaux. L'idée de départ d'un monde futuriste dominé par des super héros aux idées proches de la ségrégation raciale, voire d'un culte quasi aryen, est pourtant intéressante. On devine que le scénariste va se laisser porter par les multiples situations qui vont découler de ce concept. Mais en voulant à tout prix introduire de multiples scènes d'action dans ce premier tome, il décide de ne pas laisser le lecteur plonger dans cet univers, qui reste ainsi très superficiel. Sautant d'un personnage à l'autre et introduisant mécaniquement les multiples protagonistes de l'intrigue à venir, il en oublie de creuser la noirceur de son sujet. Il nous laisse par exemple deviner que Dakota va petit à petit ressentir des doutes sur ses missions brutales et sans merci. Mais le temps consacré à voir les personnages en tenue d'Eve dans leurs lits aurait été plus savamment utilisé à détailler leur psychologie, ou les rouages de la société dans laquelle ils évoluent. C'est d'ailleurs ce que les scénaristes des meilleurs comics US font désormais avec brio. Le résultat en est que malgré l'excellent travail de Philippe Adamov dans la construction visuelle de cette Londres du futur, on n'entre pas encore dans cet univers. On apprécie le trait méthodique du talentueux dessinateur, qui jongle avec les postures de super héros, sans jamais tomber dans la copie des modèles d'outre Atlantique. Mais c'est avec une certaine prudence qu'on suivra l'évolution de cette série, dont l'atmosphère n'est pas encore installée.