L'histoire :
Dans le Los Angeles de 1946, l'industrie du cinéma connait ses heures de gloire. Elle est en passe de devenir un des enjeux majeurs de l'après-guerre. Les grands producteurs rassemblent des sommes d'argent de plus en plus importantes pour financer leurs nouveaux films, ce qui attire les représentants notoires de la pègre. Bugsy Siegel est l'un d'entre eux. Envoyé de la côte Est pour implanter une forme de mafia dans les milieux hollywoodiens, il ne tarde pas à devenir un homme-clé dans l'élaboration des grands projets. En soudoyant les syndicats d'acteurs ou de projectionnistes, il rackette les producteurs et devient un passage obligé. Le FBI réalise à quel point cette nouvelle mafia est en train de prendre le contrôle d'une industrie et décide de s'introduire dans le milieu pour prendre Siegel la main dans le sac. William Lawford est alors envoyé sur place, avec la mission de devenir un producteur remarqué et d'attirer l'attention de Bugsy. Il débarque dans une ville qui déborde d'énergie et de relations troubles, et prend ses premiers contacts. Mais après une nuit passée avec une charmante starlette qu'il avait séduite, il est arrêté par la police de L.A. La jeune femme a été assassinée, il est le premier suspect...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pas facile de suivre les tenants et les aboutissants de ce premier volume qui déborde de noms et de références sur les producteurs et les criminels du milieu hollywoodien de l'immédiat après-guerre. L'idée de creuser les enjeux du racket à Hollywood est originale et pourrait rappeler les grands films sur les mafias dont le cinéma américain est spécialiste. Mais il aurait fallu pour cela trouver une approche plus claire du personnage de Lawford, qui reste superficiel pendant tout ce premier épisode. Sans compter que les Bugsy Siegel, Meyer Lansky et consorts ne sont pas forcément très connus du grand public (je vous le donne en mille: qui était le chef de l'autre ?). Un petit saut sur wikipedia s'impose, pour démêler un peu cet écheveau. Une fois cela clarifié, on découvre avec intérêt à quel point les enjeux mafieux étaient présents dans le Hollywood des années 40, et l'importance des sommes louches consacrées à la construction des premiers casinos de Las Vegas. Cela se fait néanmoins sur le déroulement très hésitant d'une intrigue pas très claire, complétée d'une mise en images très agréable, mais qui hésite pas mal dans le style des personnages. Les visages sombres aux ombres marquées que nous propose Kiko Duarte ne sont pas toujours en rapport avec le contexte, qui lui même n'arrive pas à se positionner entre le polar noir et une sorte de récit historique ultra documenté. A vouloir courir plusieurs lièvres, les auteurs n'opèrent pas de réel choix dans les caractères des personnages et dans les effets de dramatisation du récit. Ils renoncent ainsi à une forme de densité qui se ressent à la lecture...