L'histoire :
Après avoir été contacté par un grand ponte de la mafia russe américaine, le journaliste Frank Tonetti s’est rapproché des services secrets. En effet, le parrain local Fedor Marianachvili lui a proposé une alliance : ce dernier est prêt à lâcher un maximum d’informations sur l’ « organizatsya ». En échange, il demande aux autorités de récupérer sa fille Yolanta, objet d’un chantage exercé par son demi-frère Evgueni. Mais Tonetti n’est pas dupe. Progressant dans son enquête en totale transparence avec les services secrets, aidé providentiellement par les membres de la famille sicilienne dont il est issu, il parvient à la certitude que cette histoire n’est qu’une mise en scène. Marianachvili et Evgueni sont alliés et tentent de brouiller des pistes. Parallèlement, Tonetti remet régulièrement à son éditeur le manuscrit de son nouveau bouquin traitant des frères Zonza et de la pègre marseillaise. Il y narre à présent le marché noir né de la seconde guerre mondiale, et les divisions au sein des familles mafieuses, partagées entre servir la collaboration ou entrer dans la résistance.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un autocollant sur la couverture donne le ton : ce Chi non muore si revede est le dernier de la série. Ce titre signifie « Qui ne meurt pas se revoit » (proverbe mafieux…). La série (en deux cycles) nous aura donc emmené des premiers fondateurs de la mafia sicilienne aux USA, à cette infiltration contemporain de la mafia russe. Depuis le 11e tome, le dessin réaliste d’Emmanuel Barison est d’une grande classe. Ces trépidations mafieuses auront été l’occasion pour lui de jouer avec les ombres et les encrages (notamment sur les visages), collant au plus proche à l’ambiance des polars noirs. Le scénario de François Corteggiani, documenté à l’extrême, est tellement rigoureux qu’il peine à passionner pleinement. Difficile de s’assimiler à différents héros évoluant à plusieurs époques… Corteggiani veut apparemment en dire beaucoup sur l’histoire des mafias au cours des deux derniers siècles. Et encore, il se limite à une affaire du voroskoïmir (le milieu russe) aux Etats-Unis et à la montée de la pègre marseillaise de l’entre-deux guerre. On saute de l’un à l’autre parfois plusieurs fois par planche. Les doubles, voire triples, fils narratifs qui en résultent, sont parfois complexes à suivre, mais ne retirent rien à l’œuvre finale, magistrale.