L'histoire :
Sémélé est une des innombrables conquêtes de Zeus. Enceinte du roi des Dieux, elle vit sa grossesse avec joie. Sa nourrice veille sur elle comme elle a veillé sur sa mère, auparavant. Pourtant, le tableau n'est pas idyllique. En effet, sa sœur Agavé revient à la charge : elle ne croit pas au fait que Zeus soit le père de cet enfant. Pour elle, Sémélé a menti pour déguiser un acte bien plus sordide. Après tout, pourquoi un dieu aussi puissant se soucierait du physique d'une simple humaine ? La vérité doit être toute autre : le père est surement un obscur esclave et cette relation est bien trop honteuse et humiliante pour qu'elle puisse être dévoilée au grand jour. Pourtant, Sémélé n'en démord pas : pour elle, c'est bien Zeus qui a conçu cet enfant. Elle est malgré tout effondrée car personne ne la croit. La nourrice la réconforte et lui suggère même une stratégie pour montrer à tous qu'elle ne se trompe pas. Qu'elle réclame une preuve issue de Zeus lui-même. Sémélé est rassurée : c'est évidemment une excellente idée ! Pourtant, elle ne se doute pas que le plan de la nourrice est en réalité un piège. Et pour cause : il s'agit de Hera, déguisée sous les traits de cette humaine. Son conseil sera la preuve qu'elle recherche : si Zeus envoie une preuve, elle pourra légitimement se venger de la trahison de son mari...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dionysos... Certainement le Dieu le plus étonnant de la mythologie grecque. Tout son parcours, de sa naissance à son évolution physique, en passant par ses rencontres et ses aventures dans les différentes villes grecques, ne témoignent que d'une chose : la différence, la singularité et l'originalité qui tournent parfois à la folie. C'est une audace étonnante qu'un être aussi particulier fasse partie du Panthéon. En tous les cas, c'est un choix judicieux que d'en faire la vedette d'un tome de la collection La sagesse des mythes. Tout est si riche, si dense et complexe, qu'il y avait de quoi faire un bon album. Clotilde Bruneau ne manque pas l'occasion et s'applique à résumer de la façon la plus exhaustive possible le devenir de ce Dieu atypique. Tel Dionysos détonant par rapport aux autres Olympiens, ce tome marque aussi sa différence avec quelques passages sensuels et de la violence crue. Il faut dire que le personnage cultive à la fois l'art de vivre, mais aussi la vengeance froide et sans pitié. La narration n'est donc pas folle ou débridée comme l'est Dionysos, mais il est habilement construit pour poser tous les jalons et pistes que l'on peut ensuite prolonger en lisant les détails et interprétations de qualité de Luc Ferry. Là aussi, il y a beaucoup à dire, car le Dieu de la vigne et de la fête est une mine de réflexions sur le bien et le mal, l'altérité et la façon de vivre. De qualité donc, le dessin l'est tout autant. Si la couverture promettait une audace visuelle, il n'en est rien à l'intérieur puisque Gianenrico Bonacorsi s'applique à camper de belles scènes et des personnages superbement travaillés. Dionysos est notamment fascinant avec un côté christique doublé d'une malice inquiétante. Un tome qui vaut le détour à la gloire d'un Dieu hors norme !