L'histoire :
Belgique, Flandre occidentale, 1896. Maria et Frans Desmet, un couple de paysans, rentrent d’une longue journée de labeur aux champs quand leur jument, apeurée par un serpent, s’emballe. Maria, enceinte et quasiment au terme, chute de la charrette et perd son bébé. Effondrée, Maria dissimule le drame jusqu’au jour où, poussée par une pulsion incontrôlable, elle enlève de son landau l’un des jumeaux de la riche famille des Van Tongen, qu’elle élèvera comme son propre fils. Maria et Frans s’enfuient en Wallonie et s’installent dans une région houillère. Séparés, les deux jumeaux grandiront dans des milieux que le destin a choisi d’opposer : Omer Desmet dans la rudesse et le dénuement du prolétariat minier, Oscar Van Tongen dans le luxe et l’aisance de la grande bourgeoisie. Quand ils vont enfin se retrouver, ils vont se traiter comme des ennemis mortels...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mortimer et Randolph Duke, les deux vieillards arrogants qui parient un dollar sur la théorie de l’environnement social dans le film Un fauteuil pour deux seraient ravis de se retrouver face à Ennemis de Sang. Voici deux jumeaux séparés à la naissance, qui se retrouvent plus tard, à la période de la préadolescence. Celui qui a grandi dans une famille pauvre et laborieuse est gentil, doux, travailleur et intelligent. Celui qui a grandi dans sa famille de grands bourgeois est bête, paresseux, méchant et jaloux. Le lecteur appréciera dès le départ ce magnifique cliché, qu’il oublie finalement, porté par une histoire assez bien menée, qui fleure bon la saga familiale, à la fois chronique d’une société en mutation – celle de l’ère industrielle – et des destins croisés de deux frangins qui n’ont rien en commun. L'ombre de Lampedusa et de Margaret Mitchell planent donc sur la plume de Francis Carin, pour un premier tome plutôt efficace, bien aidé par la plume de David Caryn, précise et claire, qui donne une ambiance très XIXème sur cet album. La suite va-t-elle nous emmener dans un autre monde ? Une autre ambiance ? On y est prêt, en tout cas...