L'histoire :
Dans une rue marquée par la pénombre, la comédienne Karolina Niuber se sent suivie. Convaincue d’être victime de son imagination, elle tente de se rassurer en se disant qu'elle est seulement impressionnée par l'oeuvre du grand dramaturge Lessing. Mais un homme surgit de l’ombre, se prétend admirateur… et la poignarde. Non loin de là, dans les sous-sols de la villa Frankenstein, un homme au masque de cuir sombre dans la folie, fracassant une chaise contre les murs. Une jeune femme tente de le calmer, lui rappelant que Victor Frankenstein trouvera un remède à ses tourments. Mais est-ce seulement possible ? Frankenstein, plus que jamais, joue avec les limites de la science et de la sorcellerie, cherchant à défier la mort elle-même. Un an plus tôt, à Ingolstadt, Victor assiste à une démonstration du scientifique Giovanni Aldini. Inspiré par les travaux de son oncle Luigi Galvani, celui-ci prouve que l’électricité peut ranimer des muscles inertes. Pour Victor, ce n’est pas une simple expérience, mais une révélation. Il voit dans cette force le pouvoir ultime : celui de devenir Dieu. Ce désir l’amène à créer une créature qui, loin d’être un miracle, va le hanter et détruire sa vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La créature de Frankenstein ou le Prométhée moderne, signé Mary Shelley, a été maintes et maintes fois portée à l'écran (de Boris Karloff, Lon Chaney Jr, Christopher Lee à... Robert de Niro !) et sur papier (Saluons la magnifique version de Georges Bess). Un nouveau Frankenstein est prévu sur la plateforme Netflix avec Guillermo Del Toro à la manœuvre ! Frankenstein au nom du Père revisite encore le mythe sous un prisme inédit, à la fois psychanalytique et horrifique. L’œuvre interroge la filiation et le poids de l’héritage : pour s’émanciper, la créature doit symboliquement tuer son père, tandis que Frankenstein, rongé par son ambition dévoyée, voit son propre fils comme un monstre à abattre. Ce face-à-face tragique est sublimé par le noir et blanc saisissant de Corrado Roi, tout en clair-obscur, qui joue sur les contrastes entre ombre et lumière pour renforcer la tension dramatique. Ce qui distingue particulièrement cette bande dessinée, c’est son double point de vue : celui de Victor Frankenstein, hanté par sa création, et celui de la créature elle-même, qui exprime ses tourments intérieurs. Tuer le fils ou tuer le père, telle est la question... Ce choix narratif de Marco Cannavò donne une profondeur psychologique rare à cette relecture du mythe. Entre science et sorcellerie, entre rationalité et pulsions meurtrières, le récit nous plonge dans un univers organique, viscéral, où chaque planche respire la noirceur du destin tragique qui unit ces deux êtres. Une variation fascinante et ambitieuse qui s’inscrit dans la grande tradition du thriller gothique italien.