L'histoire :
Manami, une étudiante japonaise, entre dans un magasin et tombe sur un Français. Elle le trouve grand et séduisant alors qu’il parle français et essaie de se faire comprendre par le vendeur. Il repart sans avoir rien acheté, visiblement à sec. Alors qu’elle attend sous un abri que la pluie se calme, elle se retrouve nez-à-nez avec le même Français qui parle très bien le japonais, en fait. De manière incompréhensible, elle l’invite à venir chez elle. Elle n’ose pas revenir sur sa proposition, alors qu’il lui fait un fringue assez lourd. Arrivés à son appartement, il la provoque en surjouant la maîtrise de soi. Il lui assène que toutes les japonaises s’y connaissent en porno, espérant qu’elle culpabilise en se pensant anormale… ce qui arrive. Elle a une vision romantisée du Français en général, et joue son jeu, montre ses seins, son sexe. Lui sort le sien puis se masturbe en la regardant, jouit sur elle, puis… s’en va. Manami, complètement retournée par cette expérience, va se mettre à fantasmer des rencontres torrides avec des Gaijins (des étrangers) aux sexes énormes. Lorsque Julien, le Français, va la rappeler, elle va passer à l’acte pour lui.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scénariste prolifique, Jean-David Morvan ne s’était jamais essayé à l’érotique. C’est chose faite pour l’excellente et éclectique collection Porn’pop de Glénat, supervisée par Céline Tran, plus connue sous son pseudonyme d’ancienne star du X Katsuni. Le pitch a d’énormes sabots et s’appuie sur des visions clichées de deux cultures. Pour l’européen, la japonaise est coincée, engoncée dans ses frustrations, prévisible. Pour la japonaise, le Français est un expert de l’amour, romantique et à gros sexe. Cette rencontre précipitée va ensuite donner lieu à des découvertes. Très vite, les idées préconçues vont être malmenées et les rôles s’inverser, alors que l’héroïne va s’assumer peu à peu. Morvan est un grand connaisseur de la culture nippone et il essaie ici de partir d’un classique du fantasme érotique (la femme qui est « donnée » à un, voire plusieurs hommes, par celui qu’elle aime, ou de la soumission en général), d’Emmanuelle à 50 nuances de Grey, pour le renverser et donner à la femme le rôle central qu’il est normal qu’elle aie dans sa sexualité. Le trait de Damien Henceval, alias 2D, est simple et clair. Sa gestion des couleurs très efficace. Pour un premier album, il assume parfaitement la gestion du séquençage et livre une partition très agréable, souvent facile à lire, parfois vraiment excitante. Une belle réussite, donc, pour cette double première.