L'histoire :
Voilà un casting des plus étonnants car chacun des comédiens doit lire trois haïkus. C'est pour le film Haïku Song. Eve, par contre, commence à paniquer pour une autre raison. Elle trouve des petits mots du genre « Je suis ce que tu es et tu es ce que je suis » ou « Je sais tout que tu vis et je ressens tout ce que tu ressens ». Mais la police ne peut pas faire grand-chose pour elle. « En général, ce sont des petits détraqués. Ils passent rarement à l'acte ». Il faut prendre sur elle, car elle a été retenue avec Jan pour faire un essai ensemble. Après, ils sortent pour faire connaissance. Elle l'emmène chez lui pour lui donner une liste de casting du moment. Un nouveau papier apparaît sur son palier. Un profond malaise l'affecte. Il faut partir quelques jours à la mer pour se changer les idées. Et pourquoi pas avec ce nouvel et bel inconnu. Toutefois, en tout bien tout honneur, cela va de soi. Du moins dans un premier temps, car doucement, cette relation va évoluer en autre chose. Le jeune homme découvre une façade de l'amour comme il n'en avait jamais connu. Il vit même chez elle. « Retour de cette sorte d'attente qui n'est pas de l'attente, le moment précieux où tu seras là est déjà là. Tout est dit, tout est rassemblé, tout est uni à tout dans un unique moment qu'est cette journée ». Les mots continuent a être déposés. Eve les conserve précieusement, les apprend par cœur. Jan va se renseigner auprès de son frère féru de sciences parallèles. Et quand il retourne dans son pays d'origine, il ne pense qu'à elle. Ce qui n'est pas son cas, bien au contraire. Une force négative la contrôle, ce qui est impossible pour elle de se projeter positivement. Jan va alors essayer d'envoyer tout son amour et sa bienveillance à son amoureuse pour la libérer et peut-être s'aimer librement.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection de Glénat Les Nouvelles Routes de Soi » a toujours quelque chose de surprenant. Pour l'instant, elle se compose de quatre tomes qui parlent de développement personnel, de poser un autre regard sur soi, ou sur le monde. Pierre Makyo, célèbre scénariste de Balade au bout du monde, avait déjà écrit le scénario Apprendre à maîtriser son destin. Il abordait une femme qui devait faire face à sa vie, suite à un choc traumatique qui lui avait fait remonter des souvenirs. A nouveau, il parvient à raconter toute une histoire d'amour autour de l'assujettissement psychologique. Un thème qui n'est pas vraiment tentant en soi. Et malheureusement, en tournant les pages du récit, on peine tout de même à être vraiment convaincu par ce pouvoir de manipulation à distance. Ce dispositif psychomagique peine à s'affirmer et manque d'une approche plus linéaire. La vision du philosophe Denis Marquet à la fin de l'ouvrage tend à montrer la vraisemblance de ce qui est exprimé. Une forme d'argument d'autorité qui veut montrer que la réalité peut dépasser la fiction. Toutefois, on peine à savoir vraiment où les choses vont nous mener, comme cette référence à un kabbaliste. Est-ce une façon de rajouter du mystique ? En avions-nous besoin ? Federico Nardo apporte beaucoup de douceur avec son dessin très classique, qui va à l'essentiel. Ce choix du noir et blanc semble cohérent avec le récit. La couleur aurait pris le risque d'alourdir l'approche scénaristique. Ainsi rien ne nuit ni ne gène l'immersion dans le texte. Ceux convaincus par les pratiques d'influences positives et négatives seront ravis de trouver enfin un ouvrage qui les prend au sérieux. Pour les autres, cela risque d'être plus difficile, surtout que l'histoire ne repose sur rien d'autre. Le filagramme autour de l'amour n'est pas suffisant.