L'histoire :
Tout semble indiquer que la très belle Diane de Rochard-Haumont est impliquée dans l'explosion du yacht qui a couté la vie à ses parents, propriétaires de l'empire industriel GRH. Non seulement elle en est ressortie indemne, ayant opportunément décidé de plonger dans la mer quelques instants avant l'explosion, mais un témoin déclare qu'elle serait également l'auteur du meurtre de son ex petit ami, détenteur d'informations cruciales. Gil St André et le capitaine Pellat continuent alors de creuser le sillon d'un complot, convaincus que des intérêts industriels très importants ne permettent pas d'exclure une formidable manipulation. Désigné PDG du groupe GRH par Diane, Gil est témoin du cynisme qui prévaut au conseil d'administration de la sociéte, beaucoup plus préoccupé par les cours de l'actions GRH que par le drâme qu'a vécu la famille décimée. Il faut dire que les propres cousins de Diane ne montrent pas le moindre sentiment suite à la mort de l'ex-patron du groupe, et s'intéressent avant tout à la place qu'ils pourraient eux-mêmes occuper dans le futur organigramme. Diane ayant disparu après la mort de son petit ami, Gil va tenter d'approcher les cousins et cousines, pour tenter de comprendre quel pourrait être leur rôle dans l'affaire. Et le groupe GRH est fragilisé par le décès d'un président africain en visite à Paris, la veille de la signature d'un énorme contrat de fourniture de matières premières pour bio-carburants.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un retour vers des intrigues très classiques que nous propose ce nouveau cycle de Gil St André, orchestré seul par Jean-Charles Kraehn au dessin, comme au scénario, et Patricia Jambers, son épouse et coloriste attitrée. Démarrée dans le tome précédent, cette intrigue sur fond de pouvoir industriel et financier est solide et complexe à la fois, démontrant à nouveau l'exigence de Kraehn lorsqu'il aborde un sujet demandant un minimum de recherche et de documentation. On se souvient du remarquable Myrkos, pour lequel l'auteur avait investi toute sa passion pour une certaine forme d'Histoire de l'Art, mais qui n'a pas connu le succès escompté. En tout cas, pour cette nouvelle intrigue, les implications des évènements sur la stratégie de l'entreprise sont plutot crédibles, et les personnages secondaires que croisent les héros sont riches et sonnent juste. Le paparazzi qui « shoote » Diane et ses cousins est à cet égard un personnage pittoresque plus vrai que nature. Pour le reste, on retrouve avec plaisir un auteur au langage direct et parfois politiquement incorrect, qui aime utiliser ses personnages pour passer des messages personnels. La perplexité de Gil St André devant une sculpture ou une toile contemporaines sont du Kraehn tout craché. La maîtrise scénaristique est comme toujours au rendez-vous : on sent qu'il y a du solide derrière cette apparente complexité, même si la noirceur du personnage, qui marquait les premiers tomes de la série, a quelque peu disparu. St André revient moins souvent sur l'histoire tragique de sa femme, et notre héros y gagne ainsi une certaine légèreté. La série trouve alors un format classique, illustrée avec efficacité et sans effets inutiles, par un Jean-Charles Kraehn qui connait ses gammes.