L'histoire :
Il y a plein de trucs qu’elle trouve plutôt nuls, Pauline… Entre autres, que le jour d’une rentrée, on choisisse de porter une nouvelle tenue, juste histoire de montrer qu’on est mieux en vrai que dans les souvenirs. Non, cette année, elle son truc, c’est la frange. Elle se moque bien qu’on lui rappelle qu’elle détestait ça chez les autres avant l’été. Qu’elle répétait que cette mode prenait chez les filles qui voulaient faire diversion pour pas qu’on voit moins leur gros cul. Mince, y’a bien que les connes qui changent pas d’avis, après tout ! Et puis, les cheveux, un jour ou l’autre, ça repousse. Un autre truc qui l’agace, c’est les mecs qui quittent son lit en ayant la certitude qu’elle les reverra jamais et surtout qu’ils oublieront jusqu’à son prénom. Elle, ce n’est pas le genre de choses qui risquent de lui arriver : elle note sur 20 chacun des mecs qui ont partagé son lit. Ça l’aide au moins à mieux s’en rappeler. Et puis il y a les fringues qui la boudinent, les soirées téloches plutôt que les balades en amoureux, les plans gravos où on s’ennuie à mourir… Bref, ce qui fait la vie d’une jolie jeune fille qui se cherche un peu beaucoup…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En quelques tranches de leur quotidien, posées comme autant d’instantanés, planche après planche, Pauline et ses copines nous entrainent dans leur petit univers apparemment superficiel. Plus vraiment des gamines, pas adultes pour autant, la brune, la rousse et la blonde nous font partager l’immense abysse de leurs préoccupations : fringues, coupe de cheveux (et leur couleur), ou critique du petit monde qui les entoure, semblent en constituer les principaux éléments. Evidemment, il y a aussi l’amour. Elles le souhaitent à chaque seconde prendre la forme du grand « A », sans pour autant faire la fine bouche, s’il ne va pas au-delà d’un réveil à deux, nauséeux. Servi avec un joli brun d’humour et emballé par un dessin aux accents pop art, le récit est un clin d’œil tendre à cette jeunesse en quête d’elle-même. Derrière cette superficialité peu intéressante ; au-delà de cette succession de saynètes exposant des gamines gâtées, à qui on a plus souvent envie de botter l’arrière-train que de s’attacher à leur minois, il y a une photographie très réaliste de cette fameuse « adulescence » dans laquelle une certaine génération semble se lover. Derrière le paravent du paraître, si bien présenté ici, Pauline et les autres offrent leur « je sais pas quoi faire » ou « j’y arrive pas ». Après la rigolade, ou passé l’agacement, il y a une indéniable envie de s’intéresser à tous ces gamins en total sous-estime d’eux-mêmes. Peut-être simplement les aider à pleurer un bon coup (justement !). Au final, tout cela est bien plus cruel et profond que l’apparente futilité du propos ne pouvait le laisser imaginer. Pourquoi pas…