L'histoire :
Aux trousses d’un criminel aux méthodes particulièrement répugnantes, qui manie avec une précision chirurgicale le scalpel dans les faubourgs de Chicago, Siringo qui s’est adjoint les services de Miss Martinelli, tente sa chance auprès de deux restaurateurs. Le détective de la célèbre agence Pinkerton est loin de se douter que sa charmante collègue s’est frottée de prés au démon, en entrant dans son antre, sous prétexte de retrouver la trace d’une amie disparue. Pour l’heure, il interroge le patron de l’auberge pour apprendre que la dernière prostituée assassinée avait, il y a plus d’un an, travaillé quelques temps dans l’établissement. Entretenant cependant une relation coupable avec son employeur, elle avait du, à la demande de sa patronne, quitter les lieux. Pour Siringo, l’affaire est rapidement classée : en moins de temps qu’il ne faut pour le démontrer, il confond mari et femme, qui ont vulgairement voulu faire passer leur forfait sur le dos de celui qui officie dans la ville depuis quelques mois. De son côté, le Dr Holmes s’affaire rondement, en cet automne 1891, pour faire en sorte que l’hôtel luxueux, dont il a conçu les plans et qu’il a installé sur des terrains obtenus au prix de quelques sacrifices, soit opérationnel pour l’ouverture de l’exposition universelle. Seul petit hic : l’amour, à nouveau, qui fait germer dans le ventre de sa nouvelle conquête un enfant. Une bien mauvaise idée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mêmes méthodes, mêmes effets… Quatre longues années de maturation n’auront en rien entamé l’esprit de cette série pas comme les autres, qui se distingue doublement de par son approche scénaristique et son dessin. De fait, on replonge, gonflé d’impatience, sans se méfier, dans une atmosphère oppressante soutenue par des ocres efficaces, simplement rehaussés de gouache blanche ou d’une lumière feutrée. De la même manière, on se frotte encore à la complexité de l’intrigue qui s’entrelace subtilement autour de l’énigmatique et angoissant Henry Howard Holmes : éventreur londonien en exil ? Escroc habile à se débarrasser des importuns qui se mettent en travers de ses projets ? Dépeceur maladif ? Henri Fabuel se joue de nous avec malice, en prenant soin via un habile découpage de ne rien affirmer, se contentant de tout nous souffler, presque de manière inaudible à l’oreille, au risque (pourquoi pas) de nous perdre en route définitivement. Comme anxiolytique, il nous confie aux bons soins de deux samaritains attachants : sous les traits d’agents de la célèbre agence Pinkerton, ceux-ci tentent de jouer les gros grains de sable dans la machine infernale mise en œuvre par le serial killer. Comble de bonheur : ces deux là semblent terriblement humains. Dans ce second opus, ils se frottent de plus en plus au criminel qui, après des débuts timides, voit les choses en grand : projet immobilier d’envergure, en marge de l’exposition universelle de Chicago et multiplication, en grand artiste, du désossage humain. Mais point encore de réels faux pas du pharmacien Holmes qui laisseraient suggérer une rapide et prochaine confrontation. Cette suite attendue ne se démarque en rien de son introduction et devrait ravir ceux qui ont accroché dés le départ à ce style très marqué, autant par le graphisme que par la narration.
