L'histoire :
Goldy Town, Arizona, mars 1872. Un cowboy traverse la rue principale de cette petite ville perdue. Tout en marchant en direction du Post and Offices, l’homme consigne des informations dans un petit calepin. Or il n’est pas un cow-boy ordinaire. Il est détective et rend compte à son client. Sa mission touche à sa fin, il a découvert ce qu’il cherchait : le repaire de desperados qui braquent les diligences de la région. Prenant son cheval et sortant de la ville pour reprendre sa surveillance, il parcourt un long chemin à travers le désert brûlant. A peine le pied au sol, un coup de feu retentit dans le canyon. Le métal chaud d’une balle s’enfonce juste en-dessous de son épaule. Voile noir, il perd connaissance. Quelques heures plus tard, allongé sur le sol, il ouvre les yeux sur une bonne dizaine de femmes de tous âges, qui l’observent. Il est leur otage. Plusieurs jours plus tard, le groupe d’amazones se prépare à attaquer un office de poste. La cavalerie leur tend un piège et le braquage tourne au fiasco. Le groupe sur place doit son salut à une femme, Brook, ancienne membre du groupe qui est revenue chercher sa part du butin. Les derniers événements mettent à mal le lien qui unit le groupe de femmes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Du nom mythologique de la reine des Amazones, Hippolyte, le one shot de Clotilde Bruneau et Carole Chaland est un western à l’instar de la fameuse série Godless sur Netflix, où les femmes font la loi. Les auteures dépeignent une de ces petites villes fantôme de l’Ouest sauvage où une communauté de femmes s’est installée en toute discrétion. Bien organisées autour d’Abby, la cheffe du groupe, les 27 âmes survivent grâce aux braquages de diligences et au respect de la hiérarchie qui s’est naturellement installée. Clotilde Bruneau, la scénariste, décrit l’Atlantide de Platon pour ces femmes qui connaissent une prospérité grandissante. Ce territoire s'avère un îlot de survie pour des femmes de caractères, dont la seule chose dont elles doivent avoir peur c’est d’elles-même. Le récit est bien mené, le fil de l’intrigue est subtil et les différents rebondissements donnent du corps au scénario. Au dessin, Carole Chaland met au service de l’histoire son expérience d’illustratrice et d’animatrice, notamment dans le domaine des jeux vidéos, pour mettre en scène de façon dynamique le scénario. Dans un style réaliste, la dessinatrice nous plonge dans l’Ouest sauvage et hostile. Ce nouveau Western de qualité vient s’ajouter à la pléthore de bons titres sortis sur ce thème récemment. Peut-être sort-il son épingle du jeu en se focalisant sur ce groupe de desperados féminins en quête d’un idéal commun.