L'histoire :
De nos jours, Paul Stevens est un brillant étudiant et chercheur en chimie dans une université parisienne. Passionné de jeu d'échecs, il aime aussi déconner avec ses collègues et drague une autre étudiante, une élégante hindoue prénommée Gita. Ce jour-là, son directeur l'appelle dans son bureau : une haute représentante du ministère français et son homologue chinois tentent de le convaincre de poursuivre ses recherches en Chine, au sein d'un partenariat. Mais Paul a des convictions politiques viscérales : il considère ce pays comme une sous-culture vouée à sa perte et ne partira pas de France. Il fait donc l'affront de refuser une super promotion et s'en va gaillardement assister au cours de Sanskri qui lui permet d'approcher Gita. Quelques jours plus tard, il se rend à une soirée bien arrosée, sur la terrasse cossue d'appartement donnant sur la ville. Il joue du poing pour débarrasser une amie d'un dragueur importun... sans se douter qu'il est l'objet d'une savante mise en scène destinée à orienter sa carrière. Quelques minutes plus tard, une gigantesque retentit : un attentat terroriste vient de ravager la Grande Arche de la Défense, provoquant une douzaine de morts...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Fred le Berre délaisse ici le registre historique dans lequel il a oeuvré au sein de feu la collection Dédale des Humanos, pour livrer le premier tome d'un thriller géopolitique contemporain. L'intrigue met certes un peu de temps à se mettre en place, mais le contexte est solide et actuel. En outre, ce délayage se fait au profit d'une large exposition sur la personnalité attachante du héros. Brillant chercheur en chimie et joueur d'échec passionné, Paul Stevens n'est pas le dernier à faire le zouave dans sa vie quotidienne. Jeune, idéaliste et romantique, il est féru de culture indienne (uniquement par dessein amoureux ?) a contrario de la culture chinoise qu'il exècre. Il a le profil idéal du héros cultivé et dynamique, possesseur d'un savoir scientifique qui fait visiblement des envieux. Pour autant, on n'en saura guère plus dans ce premier opus sur le sujet de ses recherches et les compétences qui amènent les puissances étrangères à s'intéresser à lui. Il traverse ce premier tome tel un ingénu, ignorant qu'attentats et basses manoeuvres d'espionnage scientifiques le concernent au premier chef. Jouant de complots (un peu gros ?) et de non-dits, la problématique posée est piquante, en espérant que la suite saura monter d'un cran dans les explications. Le thriller s'appuie en tout cas sur les talents graphiques expérimentés d'un vétéran du 9ème art, Michel Rouge. Propre et pro, son dessin réaliste est soigné et détaillé (les rues de Paris), très agréable et adapté au registre contemporain. A priori, la suite devrait nous emmener sous des contrées plus orientales...