L'histoire :
Kaya et son grand frère Rio vivent dans un monde ravagé. Une guerre a exterminé une grande partie de l'humanité. Face à l'épuisement des ressources naturelles, une autre partie a quitté la Terre. Ceux qui sont restés affrontent un monde en détresse. Ils sont obligés de travailler dans les mines, exploités, sous un ciel toxique, et la faune a muté. Dans ce chaos, certains tentent de résister, mais les bio-brigades les traquent pour les enrôler dans les mines de force. Kaya et Rio fuient. Pour le moment, ils sont toujours indemnes, même si Kaya tousse en permanence et semble touchée par un mal qui la consume. Ils ont un objectif : échapper aux bio-brigades, et regagner le Sud, cette zone d'espoir, où l'on dit qu'une autre vie est possible. En attendant, il faut survivre et c'est l'heure de la chasse. Dans les rues désertées, Kaya veut apprendre à chasser en regardant son grand frère. Il a repéré une proie, il faut s'approcher doucement. Lorsque la proie sera en vue, il faudra identifier si ce n'est pas un mutant, car il ne survivra pas longtemps sans se nourrir. Mais si c'est un mutant, une proie beaucoup plus grosse, il faudra rebrousser chemin. Ils ont développé des capacités et une intelligence supérieure qui les rendent redoutables. La proie en vue est un lapin, qui ne semble pas mutant. Mais il est déjà mort, du sang coule sur sa patte. Et un mutant le tient dans sa gueule. Kaya et Rio devraient faire demi-tour. Pourtant, Rio ne bouge pas. L mutant est un bébé loup. Il a une chance de l'avoir, cela ferait une double ration de nourriture. Il l'attrape et le tue. Kaya n'aime pas ce spectacle, elle voudrait que son frère laisse ce loup tranquille. D'autant que la mère du petit n'est pas loin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une équipe italienne plutôt conséquente est à l'origine de Kaya, un ouvrage hybride à la croisée des genres. Linda Cavallini signe l'histoire et les personnages, Paola Barbato le scénario, Emanuele Tenderini est au storyboard, aux décors et à la direction artistique, Lorenzo Lanfranconi aux décors, Remo Baldi à la musique et Carlo Missidenti au sound design. Rien que ça ! La composition du casting d'auteurs, ainsi que le design et le découpage, donnent l'impression d'un film d'animation. L'album inclut même une bande sonore qui ponctue la lecture et qui rend l'expérience immersive. Kaya, une jeune fille, vit dans un monde post-apocalyptique et tente de survivre en cherchant le Sud, c'est à dire une contrée qui pourrait permettre une vie meilleure. Dans ce monde violent, déserté, il ne faut pas qu'elle soit repérée par les bio-brigades ; elle doit aussi se méfier des animaux mutants. Elle va perdre son frère et va devoir se débrouiller seule. Ou presque... Si le scénario n'est pas très original, car il reprend les codes de la narration catastrophe, déjà exploitée en roman, en films ou en jeux vidéo, il n'en reste pas moins mélancolique et prenant. Car autour de ce scénario, les illustrations très réalistes (hormis pour les personnages qui se détachent des décors) et l'ambiance sonore créent une véritable bulle à part. On vit pleinement ce que vit le personnage, on ressent ses émotions. Très contemplative, la bande dessinée est aussi quasi sensorielle. Cet album n'est pas d'une grande originalité et nous laisse un peu sur notre faim, mais il a un bon potentiel. On notera une très belle édition, avec une couverture réussie.