L'histoire :
Alain Langlade, écrivain de profession, est le témoin d’une scène peu ordinaire, dans une rue de Paris. Soudainement, un chinois s’écroule devant lui – en réalité suite à l’injection d’un poison mortel – et commence à perdre connaissance. Alors qu’Alain lui porte assistance, le chinois lui remet une enveloppe et lui demande dans un dernier souffle de « faire éclater la vérité ». Dans la seconde qui suit, une fourgonnette de barbouzes s’arrête et embarque le corps, non sans molester vigoureusement l’écrivain au passage. Langlade prévient la police de cet « enlèvement », sans évoquer la lettre. Au terme de sa journée de dédicaces, il rentre chez lui et ouvre enfin l’enveloppe en compagnie de sa compagne, Claire, journaliste de profession au quotidien le Matin. Elle exulte : l’enveloppe contient matière à faire éclater le plus gros scandale politique de ces dernières années ! Ce véritable brûlot implique près des trois quarts de la classe politique française… Pendant ce temps, dans un bureau du palais de l’Elysée, un inconnu tire les ficelles, à distance. La révélation de ce scandale servira sans nul doute des desseins bien précis, l’engrenage est désormais amorcé. L’affaire se répercute alors de directeurs de presse en juges d’instructions, de francs-maçons en officines politiques…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mise en bouche de ce thriller politico-maçonnique mélange des ingrédients de la réalité (frégates de Taiwan, portrait de Chirac à L’Elysée) et d’autres fictifs, en un ersatz politico-occulte qui peine à décoller et à passionner. Dans un premier temps, l’avènement de la problématique se montre classique (« on » s’arrange pour que le déclenchement d’un scandale politique incombe à la presse). Puis, une fois que les documents sont aux mains de la journaliste (dès la page 10), tout le monde tourne autour du pot sans que personne ne dégoupille véritablement la grenade. L’avis d’ouragan émis sur la classe politique française accumule alors les palabres entre tout ce que le milieu peut compter de « puissants » (patron de presse, conseiller élyzéen, frères maçonniques, juge d’instruction, opposants politiques…), sans qu’aucun ne prenne jamais la responsabilité de dévoiler au lecteur le contenu desdits documents. Ce sera (peut-être) pour le tome 2… Ces diverses officines tirent alors divers plans sur la comète, laissant entrevoir tous les archétypes grand-guignolesques de ce type d’affaire. L’éditeur a du d’ailleurs quelque peu hésiter entre publier cette histoire dans la collection Investigation ou dans la collection Loge noire. Du coup, il en a oublié de relire les fautes d’orthographe, qui pullulent, ce qui fait passablement mauvais genre ! Au clavier, l’écrivain Jacques Mazeau peine donc à insuffler le rythme et les tensions qui adhèrent d’ordinaire à ce style d’intrigue. Au dessin, Mirko Colak s’essaie à différents styles réalistes – dont certaines séquences très réussies – mais montre fort peu de régularité. Une mise en bouche guère convaincante…