L'histoire :
Fin de journée à l’hôpital de Tel Aviv. Le docteur Amine Jaafri, un palestinien naturalisé israélien, termine un compte-rendu d’intervention. Avant de quitter son service pour retourner chez lui rejoindre sa femme Sihem, deux de ses collègues lui proposent de dîner ensemble. Alors qu’ils discutent dans la cafétéria, une explosion en plein cœur de la capitale israélienne interrompt leur discussion. Ils comprennent rapidement qu’un kamikaze a du se faire exploser dans un quartier fréquenté. Ils redescendent aussitôt au bloc pour soigner les premiers blessés. Le bilan est très lourd : au moins 19 morts. Après de longues heures à opérer les mutilés, Amine rentre enfin chez lui. Son appartement est vide, sa femme n’est pas encore rentrée. Sa nuit est écourtée par le coup de fil de Naveed, un ami policier qui lui demande de revenir rapidement à l’hôpital. Sur place, il apprend que le corps de la kamikaze est probablement celui de Sihem, sa femme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parrainée par Courrier International, cette BD est l’adaptation du roman à succès de l’écrivain algérien Yasmina Kharida (de son vrai nom Mohammed Moulessehoul) qui a reçu le prix des libraires en 2006. En plein conflit israelo-palestinien, Amine et sa femme, ont quitté leur région et leurs familles pour s’installer à Tel Aviv, en pensant y vivre sereinement jusqu’à ce que l’horreur fasse effraction dans la vie du chirurgien. Il découvre que la personne qui partageait sa vie et qu’il pensait connaître intimement, se révèle être une kamikaze terroriste à la solde des intégristes islamistes. Pour cerner les motivations et le cheminement intellectuel de Sihem, Amine n’hésite pas à enquêter dans les quartiers paupérisés de Palestine et les lieux de cultes radicaux, terreau de la haine contre l’oppressant état d’Israël. La majeure partie de l’histoire est consacrée à la compréhension de ce qui a amené Sihem, un être doux, ouvert aux autres à commettre cette atrocité. Le rythme est soutenu, l’intrigue est bien menée, le scénario de Loïc Dauvillier est captivant et habilement construit. Amine se trouve à la fois rejeté par le pays qui l’avait adopté et se sent hermétique au prosélytisme des religieux palestiniens. Dans le dernier tiers du récit, on dépasse le caractère individuel de cette histoire pour aborder davantage le caractère politique général du conflit millénaire. Plaisant à lire, le dessin assez rapide de Glen Chapron est efficace, vif, expressif. Un récit poignant, violent qui apporte un nouvel éclairage sur un conflit inextricable.