L'histoire :
A l’usine Rochet-Schneider de Lyon, un contremaître sermonne Jules Bonnot pour lui rappeler que sa journée n’est pas terminée et qu’il n’est pas payé pour admirer les voitures qu’il fabrique. L’heure de la débauche venue, un syndicaliste interpelle Bonnot pour le convier à une réunion politique et débattre sur la lutte à mener contre l’esclavagisme moderne des patrons. Malgré ses arguments, le jeune ouvrier ne souhaite plus replonger. Il préfère rentrer chez lui, auprès de sa femme et de son fils. A la maison, son épouse constate que le salaire de Bonnot a encore baissé. Jules est résigné car il sait que la main-d’œuvre ne manque pas et qu’il serait rapidement remplacé s’il venait à se plaindre. Ce sont les patrons qui font la loi. La mère de famille est très inquiète car leur fils, d’une santé fragile, tousse de plus en plus ; elle ne supporterait pas que Louis-Augustin finisse comme sa sœur Emilie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bonnot et sa bande ont marqué l’Histoire de France. Plus d’un siècle après leurs crimes, ces illégalistes souvent associés aux anarchistes demeurent encore présents dans l’esprit des français. Cette biographie très romancée s’arrange avec l’Histoire pour donner une dimension dramatique de l’engagement de Bonnot dans le grand banditisme. Jean-David Morvan, Laura Pierce, Stefan Vogel ne cherchent pas à faire de Bonnot un « Robin des bois » qui détrousse les riches pour servir une cause politique. Dans sa préface, Morvan considère d’ailleurs que les agissements de cette bande ont pu desservir la cause anarchiste et même renforcer l’ordre établi par ceux qui édictent les lois. L’esprit de vengeance personnelle et d’injustice de cet ouvrier qui se considère comme une victime de la société est le fil conducteur de cet album. La tension est soutenue tout au long du récit par les braquages, les violences et les fuites, mais en laissant quand même place à une histoire sentimentale. La narration est fluide et offre une réelle dynamique au récit. Atilla Futaki, avec un trait semi-réaliste très abouti et des angles de vue quasi cinématographiques, donne à ce récit toute sa dimension sombre et intense. A souligner la mise en couleur efficace de Grégory Guilhaumond, qui vient parfaire ce beau travail.