L'histoire :
Alors que les troupes russes entrent dans Berlin pour poser le drapeau soviétique sur les ruines du Reichstag, un énigmatique photographe tente de prendre contact avec un ancien capitaine SS répondant au nom de Strauss. Ce photographe s’appelle Egon Krabe. Engagé au sein de la Luftwaffe (armée de l’air allemande), Krabe est un « propaganda kompanien », un photographe chargé d’alimenter la propagande nazie. Interrogé par des agents américain du CIC (Counter Intelligence Corps), Krabe dévoile que lui et ses semblables étaient toujours équipé de deux appareils de captation photographiques en cas de problèmes, mais que nombres d’entres eux avaient également une troisième « kamera » qui n’était soumise à aucun contrôle puisque techniquement inexistante. Une aubaine pour les américains ! Cet appareil pourrait révéler l’identité de beaucoup de SS mais surtout être la preuve irréfutable des atrocités commises par les nazis dans les camps. Problème : l’appareil est manquant. Une course effrénée dans les ruines de Berlin s’engage alors entre les opérateurs du CIC et le fantomatique capitaine Strauss à la recherche de la troisième kamera…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cédric Apikian et Denis Rodier s’associent pour livrer un roman graphique historique fort et dur avec La 3e Kamera. La seconde guerre mondiale est terminée en Europe et pourtant russes et américains ont encore fort à faire pour déloger les criminels de guerre nazis éparpillés en Europe et à l’étranger. Là où Apikian livre un récit puissant, c’est en décidant d’axer la traque au travers d’un objectif d’appareil photo. Rarement abordés et très peu connus, les « propaganda kompanien » sont ici dévoilés au grand public. Observateurs et dans un sens acteurs des atrocités commises pendant la guerre, ces photographes propagandistes ont également eu leur rôle à jouer pendant le conflit. Le scénariste utilise l'anecdote de la troisième kamera et en fait le MacGuffin de son histoire à l’ambiance étouffante et au suspens implacable. Au dessin, Denis Rodier (artiste s’étant déjà illustré aux dessins de l’excellent La bombe) livre une composition froide, poussiéreuse et poisseuse, qui s’ancre parfaitement dans l’atmosphère anxiogène de la fin du conflit. Les détails sont nets et bluffants de réalisme, tout comme l’histoire qu’il illustre. La 3e kamera est une petite bombe, une pépite dans le paysage de la bande dessinée historique. Un polar couplé à une course-contre-la-montre désespérée qui aura tôt fait de vous séduire !