L'histoire :
Au Québec, en 1991, Philippe est toujours célibataire alors que beaucoup d’étudiants autour de lui sont en couple. Il est cependant séduit par une jeune fille blonde, discrète, qui suit les cours d’art avec lui. Il va se renseigner pour connaître son nom et son adresse, afin de lui envoyer un cadeau pour la Saint-Valentin. Malchanceux, Philippe se trompe de personne et le colis de la Saint-Valentin est donné à… la mauvaise fille. Dans le même temps, le père de Philippe trouve le journal intime de sa mère. Celle-ci y a consigné toute sa vie de jeune fille. D’abord indifférent, Philippe finit par lire le journal de sa grand-mère, par curiosité. Il découvre l’histoire d’une « mauvaise fille », indépendante et pleine de caractère, qui refuse de se marier… Un comble dans les années 20 ! Malgré les avances très marquées de George-Henri, la jeune Margaux prend son temps. Elle ne se doute pas que sa vie sera mêlée à un dangereux trafic d’alcool…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le québécois Philippe Girard se plaît à aborder des évènements de sa vie en bande dessinée. Ainsi, dès le départ de ce petit album au format souple, on suit l’auteur qui tente de trouver l’amour, alors qu’il suit des cours de dessin. Puis à partir de cette histoire ultra classique d’un homme qui ressent l’excitation de l’amour et la peur de l’échec, le récit bascule petit à petit et change totalement d’époque et de fil narratif. Dans une sorte de parallèle un peu forcé, Philippe compare sa vie amoureuse avec celle de sa grand-mère qui devait trouver son « chum » (vive le Québec !) dans une époque aux mœurs puritaines. Le changement temporel et narratif est assez brutal et on se perd vite dans l’histoire de Margaux. Le rythme est en effet très lent et on se demande parfois ce que cherche à montrer l’auteur. Entre manigances du trafiquant Lionel Roy et les séductions de George-Henri, chacun court après quelque chose et rencontre des obstacles. Dans un souci d’imiter la vie réelle, Girard rallonge son récit et y perd en rythme et fluidité. Beaucoup de passages sonnent creux et provoquent rapidement l’ennui. Certaines scènes sont toutefois traitées avec talent et inventivité, notamment quand l’auteur s’amuse avec des trouvailles graphiques (les cauchemars délirants de Philippe, la honte qu’il éprouve en amphi et qui le fait se liquéfier sur place…). Malheureusement, ces scènes intéressantes sont bien trop rares et beaucoup de passages sont d’une platitude déprimante. Graphiquement, le style de Girard s'appuie sur un trait un peu épais et naïf, se bornant la plupart du temps à cadrer les personnages en gros plans. Comme le scénario, certains dessins sont insipides car sans relief. L’exotisme lié au langage québécois ne fait pas tout et cet album ne restera pas dans les annales…