L'histoire :
Sous le strict contrôle d’ecclésiastiques retords et inflexibles, des femmes pénitentes et dénudées subissent des tortures et châtiments corporels. Généralement installées dans des cambrures insupportables, ces soumissions humiliantes et extrêmement douloureuses visent toujours à martyriser leurs organes sexuels, leurs langues, leurs seins, leurs orifices. Tantôt les bourreaux abusent de machines et d’outils improbables, tantôt ils les obligent à avaler leurs propres excréments. Elles sont enchainées, transpercées, hameçonnées, empalées, écartelées, engoncées, suspendues, brulées, fouettées, tenaillées, pénétrées par des objets contondants, étranglées, étouffées, perforées, concassées, noyées, clouées, désarticulées, gavées, exposées, châtrées, encagées, soumises, crucifiées, violées, ligotées, mutilées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Attention, ceci n’est pas une bande dessinée à proprement parler… et ce n’est pas un ouvrage « propre » tout court. Attention (bis), il n’est pas à mettre entre toutes les mains, en raison de ses images provocatrices et atroces, dont le résumé ci-dessus ne se fait qu’un maigre écho. Cet ouvrage à l’édition soignée (ouverture toilée, forte pagination, grand format) réunit une foisonnante collection d’illustrations (plus de 120) pleines pages, signées Georges Pichard. Ce dessinateur pornographe et fan du marquis de Sade a beaucoup œuvré dans les années 70 et 80 (Blanche épiphanie), époque à laquelle il a cultivé l’irrévérence et la transgression en tant qu’art. En préambule, Dominique Radrizzani explique que Pichard avait été tourmenté dans sa jeunesse par une éducation religieuse stricte et énigmatique… Comme un acte exutoire, Pichard s’est livré par accoups, entre 1970 et 1990, à des illustrations montrant moult horribles et inventives pénitences chrétiennes. Ce sont ces images choquantes qui sont ici empilées, sans lien entre elles, accompagnées de textes sentencieux issus d’auteurs (aux rayonnements confidentiels) ayant écrit sur les usages ou la « bonne » morale chrétienne. Les tortures présentées dans ce véritable bréviaire de la douleur sexuelle n’ont rien à envier à ceux que pratiquait la Sainte Inquisition au plus fort de son ignominie. Faut-il donc qualifier le propos d’hommage ou d’anticléricalisme ? Le sadomasochisme y est aussi patent, tant le distinguo entre douleur et plaisir est ténu sur les visages des suppliciées. Certains de ces dessins sont inachevés, comme le prouvent certaines pages uniquement crayonnées. Ils sont surtout 100% inédits : jusqu’à présent, aucun éditeur n’avait eu l’audace de les réunir… L’argument pris par l’autre bout de la lorgnette revient à dire que personne n’avait également trouvé de caractère culturel majeur dans l’édition de cette entreprise pour le moins personnelle. Car au-delà de toute intellectualisation de l’œuvre, l’effet immédiat produit chez le lecteur psychologiquement stable tend vers l’écœurement et l’horreur. De fait, ce recueil est classé adultes, et adultes ayant le cœur bien accroché…