L'histoire :
Le 21 mars 1832, le démocrate Léon Violet est élu Président de la République Française. Mais ce qui stresse le jeune banquier Edmond Algo-Berang, c’est surtout cette imprudente souscription qu’il a accordée pour le canal Letuvier. Pour éviter la ruine et maintenir le train de vie aisé de sa famille, le voilà obligé d’emprunter une somme pharaonique à un dangereux individu. En avril, les Algo-Berang voient arriver de nouveaux voisins dans leur immeuble parisien, les Delostange. Le père, Octave, est rentier et gère un important patrimoine, ce qui intéresse vivement Edmond ; le fils Delostange est du même âge que Constance Algo-Berang et ces deux-là se regardent d’emblée avec tendresse ; enfin le courant passe fort bien entre les deux épouses. Bref, très naturellement, les deux familles s’apprécient au plus haut point et nouent une amitié durable. Pourtant, certains soirs, Octave Delostange rejoint la confrérie secrète criminelle à laquelle il appartient. Selon leurs ordres, il complote et instrumentalise Edmond Algo-Berang pour parvenir à d’inavouables fins économiques et industrielles. Convaincu d’avoir un ami sincère, doublé d’un sérieux apporteur d’affaires, Edmond accueille bras ouverts et conseille favorablement tous les fortunés contacts d’Octave…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture lui ouvrirait pourtant les portes de la collection Loge noire… mais c’est au sein de la collection Caractère que s’inscrit ce récit de complot « historique ». Les guillemets sont ici nécessaires car si le décorum semble ici coller à la réalité du XIXème siècle, le contexte géopolitique de la France relève de l’uchronie : en cette année 1832, un Président de la République effectue un septennat (normalement, en 1832, le roi Louis-Philippe est au pouvoir depuis 2 ans). Ces bases posées, le scénariste Jean-Blaise Djian nous présente à deux familles aisées du Paris mondain : les Algo-Berang, dont le père Edmond est banquier, et les Delostange, dont le père Octave appartient à une confrérie secrète et ésotérique qui instrumentalise Edmond. Or, pour plagier les rouages de Wisteria Lane dans Desperate Housewifes, on ne se méfie jamais assez de ses nouveaux voisins… Ces sombres manigances s’apprécient également au travers du dessin minutieux de Claude Pelet, qui s’est déjà fait remarqué pour avoir repris le dessin de Sasmira aux côtés de Laurent Vicomte. Les tenues d’époques se disputent aux belles architectures pour une délicieuse ambiance romantique de Restauration, à peine tempérée par quelques expressions faciales figées. La finalité et les enjeux du complot sont globalement industriels, mais surtout sibyllins dans ce premier tome. L’intrigue se concentre essentiellement sur l’ignoble machination affective qui soude les deux familles. L’intrigue s’appréhende également au travers des pensées de Constance Algo-Berang, fille d’Edmond, amoureuse du fils Delostange. Elle devrait tenir le premier rôle dans le tome 2 à venir (et pour cause…).