L'histoire :
Sac sur le dos, Léonie se retrouve au milieu de nulle part. Ou plus exactement en plein milieu de l’océan ! En lui apprêtant une embarcation, ses parents l’ont tout simplement forcée à prendre le large en lui donnant à peine de quoi se nourrir ! Mais pour aller où ? Comment diable va-t-elle s’y prendre pour trouver la terre ferme à l’aide de ses simples rames en bois ? Apeurée, elle va découvrir un univers sans foi ni loi, où la nature, le hasard et la détermination vont guider sa barque sans qu'elle puisse parfois rien n'y faire. Bonne nouvelle : elle n’est pas si seule dans ce monde nouveau et peu accueillant, puisqu’elle y rencontre et sauve Balthazar, un adolescent apeuré et transi de froid dont le canoë prend l’eau de toutes parts. Dans cette immensité, Léonie découvre à son grand étonnement que tout le monde n’est donc pas logé à la même enseigne... Ainsi, les gros yachts et les bateaux à moteur circulent eux, à toute allure et ne se gênent pas pour détrousser le voisin. Parmi ce faste, il y a aussi ceux qui semblent avoir abandonné tout espoir d’accoster un jour, comme Agathe, qui s’est laissée porter par le courant sur son frêle esquif… Mais quand ces trois naufragés se croisent, l’aventure prend un autre tournant. Léonie, décidée à trouver un rivage, va embarquer Agathe et Balthazar pour une traversée éprouvante, à la limite des forces qui lui restent. A moins que ce ne soit le contraire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il faut bien grandir un jour. Et ce jour là, c'est comme prendre un bateau vers l'inconnu et abandonner tous ses repères et ses certitudes. C'est ce qui arrive à Léonie lorsque ses parents lui apprêtent une embarcation avec seulement le nécessaire vital pour partir vers le grand large. Mais comment naviguer sur les flots de la vie ? C’est à travers ce roman graphique que Jean Cremers tente de répondre à cette question en convoquant la force de l’imaginaire pour une métaphore du grand saut vers l’âge adulte. Ce récit initiatique plein de péripéties et de rencontres marquantes permet d'entrevoir toutes ces épreuves nécessaires qui nous forgent et nous définissent en tant qu'individu. Entre les difficultés de maîtriser sa barque dans des eaux sans cesse changeantes ou de faire face à d'autres bateaux, amis ou ennemis... En ce qui concerne la partie graphique, l'auteur a opté pour des dessins relativement simples, mais qui mettent l'accent sur le ressenti et les émotions. Ainsi, la mer tantôt calme, tantôt déchaînée, prend la forme d'un personnage à part entière qui mène les esquifs des héros vers l'inconnu. Au final, Jean Cremers parvient à aborder le difficile sujet du « bien grandir » en mettant en avant une histoire en forme de rite initiatique qui, au-delà de la simple aventure vers l'inconnu, pose des questions sur l'apprentissage de la vie et la construction de soi.