L'histoire :
Albert Bernstein, scientifique à l'origine de l'élaboration de la bombe atomique, est assassiné au milieu de la nuit, alors qu'il se préparait à lancer une vaste initiative pour empêcher la généralisation de l'utilisation de l'arme absolue. Son collègue Jason Purcell, qui avait passé une partie de la nuit avec lui au bar de l'hôtel, contacte le jeune scientifique Nathan Masson, qui va l'aider à poursuivre son ambitieux projet pacifiste. Mais à peine l'enquête sur la mort de Bernstein commence-t-elle, que l'industriel qui devait financer la conférence de paix est victime d'un attentat mortel. Kaplan, lieutenant colonel des services secrets du « 2e bureau », décide alors d'élargir son enquête à tous les scientifiques qui devaient participer à cette fameuse conférence. La course poursuite de Kaplan et Masson contre le mystérieux meurtrier s'engage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Menée de main de maitre, cette intrigue dans la plus pure tradition de la BD classique, a tous les atouts pour plaire à un large public. Construite dans le plus pur respect de la forme des grands classiques, elle se positionne clairement comme un Blake et Mortimer modernisé, dont les héros Kaplan et Masson sont français. La référence étant absolument assumée, l'univers graphique de l'album rappelle constamment la référence d'E.P.Jacobs. Ainsi les discussions entre enquêteurs, dans un salon rempli de livres, un whisky à la main. Ou les vendeurs de journaux qui annoncent à la Une des quotidiens, la succession des meurtres mystérieux. Le scénariste Didier Convard ne s'en cache pas et confirme par ailleurs que chaque album de la série devrait, comme celui-ci, constituer une histoire complète. Le scénario de ce premier tome est tout à fait convaincant. Le suspens et les retournements sont au rendez-vous et parfaitement mis en scène. Les dialogues et les situations ont ce qu'il faut de modernité pour se distinguer de ce qui pourrait n'être qu'une copie. Pas de « by jove », ni de vouvoiement entre les héros, et un personnage principal qui n'est pas indifférent aux charmes de sa secrétaire (impensable chez Jacobs !). La rigueur narrative qui fait le plaisir de lecture de ce genre d'albums est respectée, il n'y pas de flashbacks incompréhensibles, ni d'ellipses inexpliquées. Mais le travail le plus remarquable est celui du dessinateur Jean-Christophe Thibert qui, tout en respectant les codes absolus de la ligne claire (cases parfaitement lisibles, décors détaillés, absence d'ombres et de hachures), livre des pages pleines de mouvements et de dynamisme, des personnages aux caractères marqués, des cadrages cinématographiques très réussis. Un très beau travail visuel qui s'accompagne d'une colorisation sans faute, multipliant les tons verts, marrons et gris, qui ancrent le récit dans son époque. Evidemment, les personnages n'ont pas encore la présence de leurs illustres ainés, mais cette nouvelle série n'a pas à rougir de la comparaison. Sur un plan purement commercial, elle se révèle tout aussi respectable que la poursuite des aventures de Blake et Mortimer par de nouveaux auteurs. Et lorsqu'un album conçu pour le grand public est aussi beau et plaisant à lire, pourquoi ne pas tout simplement se laisser emporter ?