L'histoire :
Dans la Florence de la fin du XVème siècle, le jeune Niccolo Machiavel s'ennuie ferme dans le sous-sol sombre où il exerce son métier de copiste pour le compte du chancelier Scala. Un recueil de lettres vient d'arriver dont il faut produire une copie pour la délibération du soir du Conseil des Dix qui gère les affaires étrangères de la ville. Une corvée de plus ! Alors quand la garde fait irruption dans les lieux pour demander en urgence un secrétaire pour un des commissaires des Prieurs, Niccolo se porte immédiatement volontaire, il va échapper à sa terrible routine. Quelques minutes plus tard, c'est au bord de l'Arno, la rivière qui traverse la ville et passe sous le Ponte Vecchio, qu'il retrouve le commissaire Soderini. La perspective de sortir de sa routine se mue en triste déception. Il aurait préféré ne pas avoir à travailler pour celui qui, quelques années plus tôt, a fait arrêter son père, l’a envoyé en exil pour vol, et l’a laissé mourir d'une fièvre malsaine. Mais l'enquête débute, autour du cadavre d'un homme d'une cinquantaine d'années retrouvé sous les eaux glacées, les côtes percées d'un coup de couteau asséné avec précision. Personne ne le reconnait, mais un papier caché dans la doublure de son vêtement donne une précieuse indication. Il viendrait du village proche de Pontassieve. Machiavel et Soderini vont alors prendre la route à cheval, l'occasion d'évoquer le père de Niccolo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce début de série prometteur met en scène Machiavel dans ses jeunes années, au cœur d'enquêtes policières, tandis qu'autour de lui, les enjeux de pouvoir politique et religieux dominent la cité. L'auteur Jean-Marc Rivière réussit à dérouler une première intrigue autour du cadavre d'un homme d'origine allemande, tout en introduisant les grands acteurs du pouvoir à Florence, avec notamment le prédicateur Savonarole. On voit les personnages s'installer dans leur rôle, Niccolo apparemment naïf mais finalement surprenant face à des assassins potentiels, ou la belle Anna qui aide le commissaire Soderini et apprécie la compagnie de Machiavel. On retrouve le goût de l'éditeur Glénat pour les séries historiques avec un contexte fortement ancré dans leur époque. Rivière est professeur de littérature italienne et spécialiste de la Renaissance. Pour sa deuxième incursion dans le monde de la BD, l'auteur fait d'ailleurs preuve d'une belle maturité dans la construction de ce premier tome. C'est logiquement un dessinateur italien qui met tout cela en images, avec un style réaliste d'une grande précision, des visages aux expressions certes un peu photographiques, mais énormément de détails dans des pages riches de décors fouillés. Gabriel Andrade a travaillé quant à lui dans le monde du comics, de la BD érotique ; c'est donc une nouvelle époque qu'il aborde ici avec une technique très solide. Tout est en place pour une série d'enquêtes en un tome et la découverte progressive de la personnalité du futur auteur du Prince.