L'histoire :
Plymouth, XIXème siècle. Dans les couloirs feutrés d’une maison close, June découvre un univers où les apparences sont souvent trompeuses. Sous des airs de respectabilité, hommes influents et notables s’abandonnent à leurs travers. Aux côtés de Lizzie, June explore les différentes pièces de la maison : la lingerie, où Candice veille à l’ordre, la cuisine de Marge, les chambres où s’efface toute distinction sociale, et la gymnasie, lieu de détente et de connivence. Ici, chacun joue son rôle et June assume pleinement le sien : vendre son corps pour obtenir ce dont elle a besoin. Malgré les conseils de Lizzie qui s’inquiète pour elle, elle persiste, sachant que derrière la respectabilité de certains clients, se cachent souvent des âmes troubles. Le Révérend Scott passe par la porte de service, à l'arrière du bâtiment, pour éviter qu'on ne le voit. Le docteur Hogsmeade vient tous les mercredis à sept heures tapantes. Un homme sérieux et professionnel, impossible à séduire. Sans oublier Monsieur Grant qui ne fait que regarder et paie rubis sur l'ongle. Silencieux et mystérieux, il se contente d’observer sans jamais choisir. Monsieur Mahoney, lui, se laisse captiver par les parfums des femmes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le port de Plymouth, y a des marins qui chantent et qui s'en donnent à cœur (fille de) joie. Mais seulement les marins perdus. Les notables, eux, viennent s'encanailler et délester leurs bourses de quelques pièces, en cachette ou au grand jour. Radice et Turconi poursuivent leur exploration du Port des marins perdus avec ce spin-off. Loin d’une simple déclinaison commerciale, il approfondit l’univers de la maison close et de ses occupantes. On y retrouve June, Tane et Lizzie du précédent tome, mais aussi le capitaine McLeod, les sœurs Stevenson et Toby, comme si l’on revenait en terrain familier. Cette fois, l’histoire se focalise sur Tess, qui s’engage dans la maison close pour financer sa traversée vers l’Inde où l’attend son père, et sur Cinnamon, dont le passé resurgit lorsqu’un bracelet hérité de son enfance indienne lui est dérobé. Le dessin de Stefano Turconi sublime le récit. Son trait vif et expressif, enrichi d’un travail minutieux sur les couleurs et la lumière, donne vie à chaque scène. Que ce soit dans l’intimité feutrée du bordel, sur les ponts d’un navire ou dans les rues animées de Plymouth, l’univers est foisonnant de détails. La douceur du graphisme contraste avec les thèmes abordés, donnant à la maison close une atmosphère presque protectrice, loin des clichés sordides. Si la tension narrative s’accroît dans ce tome, notamment avec les menaces qui planent sur les héroïnes, le récit reste chaleureux et empreint d’un humanisme profond. Plus abouti que le premier volet, ce deuxième tome confirme la maîtrise graphique et scénaristique du duo italien. Une BD à savourer pleinement, de préférence avec un chat sur les genoux et un thé fumant à portée de main.