parution 08 mars 2017  éditeur Glénat  collection 1000 feuilles
 Public ado / adulte  Mots clés Western

Les Gueules Rouges

En 1905, un jeune garçon, curieux et intelligent, voit son avenir tout tracé : il sera mineur à Arenberg, comme son père et son grand-père. Mais un événement vient changer sa vie : le grand spectacle de Buffalo Bill. Un one shot tendre et beau.


Les Gueules Rouges, bd chez Glénat de Dupont, Vaccaro
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Glénat édition 2017

L'histoire :

Gervais Cottignies est un excellent élève, choyé par son maître M. Watremez. Son père est mineur, il habite dans un coron considéré comme confortable. A 30 ans, sa peau est déjà fatiguée et ses yeux rougis par la vie sous terre. Mais il aime son travail et remercie le seigneur chaque jour de l’avoir placé dans un coron humain. Octave Cottignies respecte ses patrons et la religion. Lorsque Gervais obtient haut la main son certificat d’études, son maître évoque son avenir. Il le voit instituteur, ou ingénieur… mais son père a obtenu l’accord de la compagnie pour que Gervais commence à travailler avant ses 13 ans. Un deuxième salaire, ça n’est pas négligeable… Gervais doit accepter cette décision, mais il espère que son père l’emmènera voir le spectacle de Buffalo Bill « Wild West ». Or celui-ci préfère perdre son argent aux combats de coq. Qu’importe. Gervais est courageux, travaille bien à la mine, et le jour où le spectacle arrive à Valenciennes, le 5 juillet 1905, il s’enfuit et resquille l’entrée dans le chapiteau. Cette journée de découvertes et de spectacles grandioses va changer sa vie…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Après Love in Vain, Jean-Michel Dupont ressort avec Les Gueules rouges un excellent scénario. Originaire de Valenciennes, il a appris que le cirque de Buffalo Bill, qui avait entamé une tournée triomphale en Europe au début du XXème siècle, avait fait escale à Valenciennes en 1905. Il imagine alors cette rencontre entre les gueules noires et les peaux rouges, deux figures pleines d’humanité et de fierté, la fierté de la liberté d’une part, celle de la fraternité de l’autre. Alors que les débats sur la séparation des églises et de l’Etat font rage, la majorité des ouvriers est encore illettrée et soumise aux prêches de curés qui fustigent les partageux. En face, les hussards noirs de la république, les instituteurs essaient de planter la graine de la connaissance partout où ils le peuvent. Le débat n’est pas si lointain que cela, entre les familles qui préfèrent faire travailler leurs enfants que de les envoyer à l’école… Pourtant, il y a un vrai amour de son terroir, du travail, de son métier qui transpire dans toutes les remarques et les actions d’Octave Cottignies qui, malgré ses défauts, est un brave homme. Mais dans sa quête d’intelligence, de nouveauté et de liberté, Gervais va aussi être aidé par le voisin René, un anarchiste qui préfère lire et écrire que bêcher son jardin. L’aventure incroyable qu’il va vivre, auprès d’indiens dans la région d’Arenberg, célèbre monument pavé de la classique cycliste Paris-Roubaix, va changer sa vie, et lui faire acquérir une sagesse qu’il ne pouvait soupçonner. Oui, ce livre est bienveillant. Mais la critique de la bourgeoisie, présente, et du capital, n’est pas aussi acide qu’elle pourrait l’être. Parce que le propos de JM Dupont est profondément humain, qu’il dépeint les hommes avec leurs qualités et leurs défauts, mais avec une grande amitié. Il est magnifiquement aidé en cela par les aquarelles d’Eddy Vaccaro, qui donnent une dimension légère, poétique à chaque case de la BD, et qui fait qu’on garde du début à la fin de la lecture un petit sourire nostalgique aux lèvres, et même, à la fin, quelques larmes au coin des yeux… Loin de la découpe chirurgicale (magistrale, mais dure) de Zola dans Germinal, Dupont et Vaccaro nous offrent une œuvre toute en rondeur et en douceur, même dans les moments les plus difficiles de l’histoire. Forte, chaleureuse et passionnante, c’est une BD à lire.