L'histoire :
Deux voix se répondent dans la nuit. Elles commentent un scénario qu’elles connaissent déjà. Un enfant est abandonné dans le Labyrinthe, une ville pauvre où les habitants vivent d’expédients et les enfants de rapines. Ils sont appelés les souris. L’enfant, couvert de plumes, est recueilli par un homme déjà âgé, nommé Gabriel. Il réussit à s’enfuir, alors que des souris arrivent. Les enfants se retrouvent nez à nez avec un être bizarre, qui les enlève. Onze ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Les souris vivent toujours en dérobant les adultes dans le Labyrinthe. Lorsque les gardes se rapprochent trop, un mystérieux héros les aide à s’enfuir, celui que les souris appellent « le Fantôme », et qui n’est autre que l’enfant-plume qui a grandi. Il s’appelle Poe et Gabriel ne veut pas qu’il sorte, car il a peur de la réaction des gens. Ils cherchent leur nourriture la nuit, et dorment le jour. Mais Poe, lui, profite du jour pour parcourir les toits et aider les souris. La Cité est au cœur du Labyrinthe, mais elle est fermée et réservée à des privilégiés. Un jour, la petite Bianca, qui s’y ennuie, accompagne son père sur le chantier d’une route censée relier plus facilement le port et la Cité, en traversant le Labyrinthe. La petite file s’enfuit avec l’aide de Poe, mais elle reste avec lui. Entre les deux enfants, une complicité se noue rapidement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jorge Corona, auteur Vénézuelien habitué aux comics (Goners, L’attaque des Titans), nous entraîne ici dans un album jeunesse qui s’apparente directement au conte, avec une confrontation adultes / enfants qui pourrait faire penser à Peter Pan. Mais le destin de ce petit Poe semble lié au rayonnement de la Cité : il est appelé à grandir et à combler le fossé entre le Labyrinthe et la Cité, prophétie difficile à imaginer, tant la séparation semble forte. Ce premier tome de la série nous dévoile les aspirations d’un pré-ado qui a envie de se retrouver avec des gamins de son âge, mais dont la différence (il est à moitié oiseau) semble rédhibitoire… L’homme qui l’a recueilli et élevé comme son père, Gabriel, le protège, mais aussi l’empêche de vivre sa vie, jusqu’au jour où cette fille des beaux quartiers, Bianca, bouscule toutes ses certitudes et lui entrouvre la porte de la liberté et de l’insouciance nécessaire à chaque enfant. Ce premier tome est une introduction, où on découvre des personnages un peu caricaturaux (Bianca, Gabriel), mais un héros déjà tout en nuances, tiraillé entre sa joie de vivre et les scrupules envers son père adoptif. Les règles de ce monde fondé sur les inégalités se dévoilent peu à peu. Le scénario de Corona est un peu convenu mais bourré de références et bien rythmé. Sa formation comics offre au lecteur une grande dynamique du récit, une belle variété dans le séquençage, avec notamment des débordements de cadre au moment d’aborder l’excitation de Bianca devant ses découvertes… C’est un début vitaminé et agréable qui accrochera le jeune lecteur. La suite devrait arriver avant l’été. Bonne nouvelle !