L'histoire :
A l’aide du soutien financier de l’état français, une équipe de chercheurs est parvenu à envoyer un cobaye volontaire explorer… la mort. Une fois rendue publique, la nouvelle fait grand-bruit et crée des émules dans les autres pays. Car à partir du récit du premier « thanatonaute », un condamné à perpétuité appelé Félix Kerboz, une cartographie de l’au-delà est établie par l’équipe française de Raoul Razorbak, Michael Pinson et Amandine. Il est désormais établi que quand on meurt, le corps reste sur place, mais l’âme voyage à grande vitesse au travers d’un long entonnoir bleu, sous forme d’ectoplasme blanchâtre, relié au monde des vivants par une sorte de fin cordon ombilical. Or à coma +21 mn, se trouve une limite, baptisée « Moch 1 »… qui semble infranchissable à Kerboz. L’état français accorde donc un budget pharaonique à cette nouvelle science. L’équipe installe son labo dans un superbe immeuble bourgeois des buttes Chaumont et ouvre une boutique de produits marketings au rez-de-chaussée. Les expériences reprennent, avec l’objectif de dépasser Moch 1. Mais Kerboz est agacé par ses échecs, enivré par son succès médiatique et troublé par son idylle compliquée avec Amandine. Il choisit un jour de ne pas revenir dans le monde des vivants. L’équipe éplorée trouve donc un nouveau cobaye, cascadeur professionnel. Celui-ci parvient à passer Moch 1 dès le premier essai et à revenir ! Or ce qu’il raconte fait une nouvelle fois l’effet d’une bombe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le serial-scénariste Corbeyran poursuit ici l’adaptation du roman à succès éponyme de Bernard Werber. Rappelons le synopsis piquant, qui propose de suivre l’incroyable conquête des premiers hommes sur les territoires de la mort ! Tout comme dans l’histoire originale, les découvertes s’accélèrent grandement dans ce second volet (sur a priori 3 de prévus). A l’aide d’une voix off narrative attribuée à l’un des pionniers, le récit emporte à vive allure l’exploration de plus en plus profonde de la mort et la capacité immédiate des héros à en franchir les différentes étapes (moch 1, moch 2…). Cela pourra paraître un peu dense, mais cette vitesse respecte celle du roman. A l’aide d’un trait encré et semi-réaliste, la transcription graphique de Pierre Taranzano se tire également très bien d’une partition visuelle peu évidente, en raison des nombreux aspects abstraits (les combats dans l’au-delà). La grande force de cette histoire vient de l’inspiration de Werber, qui a su brasser moult composantes inhérentes d’un tel périple et les réunir en un tout cohérent. La conquête de la mort touche en effet les domaines de la métaphysique, de l’astronomie, de l’astrologie, du mysticisme, des grandes religions… et Werber parvient à mettre tout le monde d’accord ! Or ces conjectures ne s’affranchissent pas pour autant de conséquences terre-à-terre sur le monde des vivants (considérations budgétaires, politiques, compétition internationale…). Tout en émerveillant et passionnant son lecteur, cette optimiste et spectaculaire aventure fait donc réfléchir. En cela, l’œuvre initiale est vraiment géniale. En revanche, on surprend une incohérence fondamentale dans cette version de l’histoire : les héros qui s’occupent du contrôle médical indiquent clairement que les explorateurs de la mort ont un pouls et qu’ils respirent… Ils ne sont donc pas morts ! Ils sont donc précisément des « comatonautes ». Ces infos évidemment cruciales (et pourtant inutile) fichent en l’air toute la raison d’être de l’histoire. Bizarre bizarre…