L'histoire :
Au début du XVIIe siècle, de Paris à Rome, de Bohème en Tolède, le Saint Siège lutte contre l’hérésie et plus particulièrement contre une secte d’hérétiques se faisant appeler « le serpent ». Les prêtres inquisiteurs chargés par le Vatican de ce grand ménage, rivalisent parfois de fourberies pour parvenir à démasquer celui qui doit réveiller « les trois imposteurs ». Pour cela, ils font appel à Don Carlos Cabrera de Gondosa, un soldat « conversos » (chrétien depuis plusieurs générations, mais d’origine juive) qui s’avère également être une des plus fines lames de Castille. Appelé à témoigner devant un tribunal de la Sainte inquisition, il y apprend que sa sœur, jusqu’alors nonne, est emprisonnée pour avoir pactisé avec le diable. Avant qu’elle ne se suicide, il la découvre en effet dénudée au fond d’une geôle, appelant à l’adoration de Satan et vociférant des insanités. Le responsable de cet état, déjà traqué par le Vatican pour une forme extrême de perversion, se nomme Don Juan Tenorio, anagramme de « Juda non notoire ». Or, le personnage a déjà croisé le chemin de Don Carlos quelques semaines auparavant, et lui a même sauvé la vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré une couverture peu engageante, ce premier épisode des trois imposteurs s’avère plutôt intéressant. Il n’est ici nullement question d’un pseudo thriller fantastique comme nous l’a habitué la collection Loge Noire, mais plutôt d’une intrigue bien cartésienne dans le milieu des hérétiques sous la Renaissance. Cette mise en bouche, notablement parrainée par Jean-Charles Kraehn (un sérieux gage de qualité, selon les bédiens), se double ici d’une retranscription historique didactique et tout à fait accessible. Mœurs, costumes, architecture, le scénario du bien nommé Christophe Lemoine nous plonge véritablement dans cette société entièrement fondée autour des dogmes chrétiens, aux côtés d’un Don Carlos manipulé par le Vatican. Au dessin, Jean-Marie Woehrel relève le défi à l’aide d’un trait réaliste, classique et appliqué, complété par une colorisation sans doute un peu trop vive de Vulmac. Toutefois restons indulgent : il s’agit ici d’une première réalisation pour chacun des trois auteurs et en ce sens, le travail est remarquable.