L'histoire :
Robert Johnson nait à Hazlehurst, Mississipi, en 1911. Son père, Noah Johnson, s’étant envolé très tôt du foyer, il grandit chez le père de ses demi-frères et sœurs aînés. Sa mère aussi abandonne sa progéniture à son premier amant pour partir avec le troisième. Ce que le narrateur trouve, si ce n’est logique, au moins humain. Renvoyé chez sa mère vers l’âge de sept ans, il passe sa pré-adolescence et son adolescence avec sa mère et son nouveau mari, Willie Dusty Willis. Il abandonne rapidement l’école à cause d’un problème de vue, joue de la guimbarde, puis de l’harmonica, et se met enfin à la guitare. Il apprend aussi le vrai nom de son père et prend définitivement le nom de Johnson. Jeune adulte, il écume les Juke joints, où il fait parler son talent pour la guitare mais surtout pour la drague. Malgré ses wagons d’admiratrices qui finissent chaque nuit dans ses bras, il se marie avec Virginia, mais celle-ci meurt en donnant naissance à leur enfant. Le bébé ne survit pas non plus. Elle avait 16 ans, il en a 19. Il part alors vers l’est et rencontre Son House, qui lui conseille de continuer l’harmonica mais d’arrêter la guitare. Pourtant, quelques mois après être parti à Hazlehurst et s’être de nouveau marié, il revient voir Son House et l’épate par sa maîtrise de la guitare. Il dit qu’il aurait rencontré le diable, et lui aurait vendu son âme contre le talent. C’est le début d’une légende…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Robert Johnson est un Dieu, ou quelque chose s’en approchant, pour qui aime le blues. Il a été une grande source d’inspiration pour les Stones, Clapton, Hendrix, Dylan… que des manchots. Le magazine Rolling Stone l’a classé cinquième meilleur guitariste de tous les temps. Mort à 27 ans, il n’a enregistré que 29 titres, dont le cultissîme Sweet Home, Chicago, le Cross Road Blues, où il chante sa rencontre avec le diable, et la chanson qui donne son titre à cet album, Love in Vain. Le pari est plutôt réussi pour Jean-Michel Dupont qui trouve, grâce à son narrateur très spécial, un ton à la fois attaché à son sujet et agréable. C’est décalé, sympa et à la fois très documenté. On ne s’ennuie pas une seconde et on se laisse entrainer dans la vie trépidante de ce génie. D’un autre côté, c’est plutôt facile, puisque Johnson vole de concert en conquêtes féminines, de beuveries en mariages. C’est d’ailleurs la conjonction de son goût immodéré pour la fesse et l’alcool qui serait la cause de son décès prématuré. Pour donner corps à cet OVNI dont il n’existe que deux photos connues, le dessinateur Mezzo a choisi le format à l’italienne et surtout un noir et blanc très charbonneux, au trait épais, qui laisse place à l’imaginaire avec ses formes rondes et une espèce d’imagerie vaudou… Ça colle à l’histoire et, si ce n’est pas super glamour de prime abord, Mezzo réussir à envoûter le lecteur assez rapidement. Au final, c’est une super réussite pour un registre, le biopic, qui est souvent pris à la légère par les auteurs. Loin de là, Love in Vain est ici une réussite, avec en bonus, à la fin de l’album, quelques paroles des chansons phares de Robert Johnson, avec des illustrations saisissantes. Que demande le peuple ? – Euh, un livre album ?