L'histoire :
Alors que Macbeth et ses hommes traversent la lande à cheval, trois sorcières apparaissent sur leur chemin et les interpellent. Elles adressent à Macbeth une prophétie mystérieuse sous la forme de trois énigmes qu'il ne comprend pas. Elles savent d'où viennent ces hommes, mais veulent entendre ce qui vient d'arriver. L'attaque contre le château de Moray qu'ils ont découvert en flammes, l'épouse du seigneur, survivante avec son bébé dans les bras. Et de quelle manière Macbeth a rendu justice à la veuve, en lui apportant très vite la tête coupée des coupables. Reçu dans la demeure du roi Duncan, Macbeth se souvient de ce moment, les mains rouges de dame Gruoch qui lui faisait face, et son regard terriblement dur et assuré. Le roi décide de le récompenser de son courage en le nommant Mormaer du domaine qu'il a sauvé, et le charge d'assurer la sécurité de lady Gruoch. Cette décision semble faire écho aux prophéties des sorcières croisées dans la nuit. Ses pensées filent alors vers la femme fascinante qu'il a laissée quelques jours plut tôt, et qu'il a hâte de retrouver sans savoir encore ce qui le pousse. Il va bientôt découvrir toute la force de son caractère, elle qui va devenir son épouse, non sans avoir très clairement formulé ses ambitions.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un nouvel exploit graphique de tout premier plan que nous propose Guillaume Sorel avec cette adaptation de Macbeth, sombre et lente, épique et majestueuse. Une succession de planches en couleurs directes très denses, qui alternent les ambiances et les lumières comme peu d'artistes peuvent le faire. Les scènes de jour évoquent le travail de Hermann, référence absolue du genre, et provoquent le même effet de souffle. Les repas dans les grandes salles du château faiblement éclairé sont incroyables de détail et de nuances de couleur. Depuis ses tout premiers albums, Sorel poursuit son propre chemin graphique, complétant sa technique par un goût prononcé pour la construction de ses pages, une gestion savante des cases ou des absences de cadre. Tout cela donne une force visuelle unique, une constante dans la carrière exigeante de ce dessinateur pour qui la dimension artistique est toujours placée au même niveau que la nécessité narrative. Il est nécessaire de prendre son temps pour plonger dans cet album, sous peine de passer totalement à coté du rythme du récit. Le scénario de Thomas Day s'efforce de structurer le déroulement des grandes étapes du drame shakespearien dont l'album s'inspire, les deux auteurs ayant délibérément choisi de donner à Lady Macbeth une place plus forte que dans la pièce d'origine. Leur choix s'impose au bout de quelques pages, et les élément dramatiques se succèdent assez rapidement. Une belle entrée en matière pleine d'amour passionnel, d'ambitions et de trahison.