parution 02 juillet 2014  éditeur Glénat  Public ado / adulte  Mots clés Aventure - Action / Exploration / Guerre / Historique

Madame Livingstone

Congo, la grande guerre

Gaston Mercier débarque au Congo et doit se battre pour l’armée belge en pleine première guerre mondiale. Un récit unique et somptueux, à la fois intelligent, documenté et profondément émouvant.


Madame Livingstone : Congo, la grande guerre (0), bd chez Glénat de Cassiau-Haurie, Baruti
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  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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©Glénat édition 2014

L'histoire :

Le 17 juin 1915, l’aviateur belge Gaston Mercier se pose sur les berges du lac Tanganyika au cœur du Congo belge. C’est la guerre aussi en Afrique, près d’Albertville. En effet, de l’autre côté du lac, campent les soldats allemands et prussiens, prêts à en découdre face à une armée de 15 000 Congolais assistés de 700 Belges. Cependant, Gaston n’a pas peur : pour lui, il vaut mieux être au centre de l’Afrique qu’en plein milieu des tranchées en France. L’officier De Beuger réunit tous les soldats belges pour une mise au point. Pour lui, les ordres sont très clairs : la troupe doit observer les alentours, bombarder les villes ennemies et couler le cuirassé allemand Graf Von Gutzen. Les soldats sont inquiets car ils pensent qu’il est impossible de se rapprocher du navire sans se faire bombarder. Il faut dire que le navire est puissamment armé et équipé de plusieurs canons qui peuvent facilement détruire les avions ennemis. Tout le monde est renvoyé à sa case pour réfléchir à une stratégie d’approche discrète et efficace. Gaston fait alors la connaissance d’un curieux indigène : « madame Livingstone ». L’homme est atypique, très cultivé et prétend être le fils du fameux David Livingstone. L’illuminé porte un kilt, d’où son surnom. Intrigué, Gaston Mercier se lie d’amitié avec lui...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

On connaissait les tirailleurs sénégalais et les soldats noirs envoyés au casse pipe sur le front de l’ouest européen. Mais beaucoup ignorent que la première guerre mondiale s’est aussi « exportée » jusqu’en Afrique. En effet, à l'époque, les empires occidentaux ont fraîchement installé leurs possessions sur ces colonies. C’est donc tout naturellement que ces terres deviennent un enjeu militaire et économique. Le récit démarre en plein milieu de la Grande Guerre. Le scénario est mené de main de maître par Christophe Cassiau-Haurie. Alternant savamment la grande Histoire et les petites histoires du peuple africain, l’opus est prenant de bout en bout. Le récit est un modèle du genre : on passe d’une scène de combat à des dialogues profonds, tout en faisant des parenthèses historiques et géographiques bienvenues (sans compter des annexes passionnantes). Riche et dense, l'album aborde un sujet méconnu : la vie dans les colonies africaines. Rarement une bande dessinée n'aura aussi bien traité le continent noir durant cette période. Avec subtilité, Cassiau-Haurie intègre un personnage tout à fait fascinant : le fameux « Madame Livingstone ». Cet homme hors du temps cristallise toutes les thématiques de l’Histoire puisqu’il est à la fois une célébrité pour son peuple mais aussi un guide de guerre pour l’armée belge. Lourd de symbole, ce personnage incroyable est aussi un magnifique pied-de-nez au racisme et à l’impérialisme occidental : est-il vraiment le fruit d’une union illégitime entre le célèbre explorateur Livingstone et une native ? On n’est pas loin de l’absurde avec cette figure fantaisiste qui marche en kilt ! Pourtant, ses origines douteuses sont une formidable réflexion sur l’évolution humaine et une sacrée provocation contre tous les préjugés. L’amitié qui naît entre le lieutenant Mercier et lui est tout simplement magnifique et pleine d’émotion, dans un contexte difficile tiraillé entre la guerre et les volontés colonialistes. Le scénario de qualité est en plus magnifié par un dessin exceptionnel de Barly Baruti, lui-même originaire du Zaïre (l’actuel Congo). Son trait est superbe et très détaillé. On plonge dans le cœur de l’Afrique avec ses paysages fascinants et sa beauté sauvage. Les visages sont aussi magnifiques dans des gros plans touchants, sans oublier un art du découpage renversant, avec des plans larges somptueux de cette colonie africaine. Les couleurs en aquarelle sont également sublimes de douceur et collent au ton profondément humain de l’album. C’est bien simple : on dirait du Hermann dans ses meilleures prestations ! L’album est donc un petit chef d’œuvre de Mémoire et une aventure humaine sublime en pleine guerre mondiale : une sorte de Vendredi ou la vie sauvage qui répond au Robinson Crusöe qu'était David Livingstone.

voir la fiche officielle ISBN 9782723497190