L'histoire :
Sur l’île de Core, dont le littoral est ponctué de récifs, les parents de la jeune Sarah s’inquiètent d’avoir perdu de vue leur fille. Ils la retrouvent inconsciente, dans un coin escarpé aux alentours du village, au milieu de rocailles noires et coupantes, avec une légère blessure sur l’arcade sourcilière. Quand elle revient à elle, elle avoue avoir poursuivi un lapin et avoir glissé jusqu’à un endroit merveilleux, avec des rivières rouges qui brillaient comme le soleil. Une quinzaine d’années plus tard, les parents de Sarah souhaitent confier leur fille à un institut religieux. La jeune femme reste souvent perdue dans son monde intérieur, et ils espèrent qu’en la changeant d’éducation, elle finisse par prendre sa vie en mains. 25 ans plus tard, une jeune femme, Mary, est retrouvée inconsciente au même endroit que Sarah, 40 ans plus tôt : au milieu des pierres volcaniques noires et tranchantes. Impossible de la sortie de la catatonie dans laquelle elle est. Asiel est réveillé de bon matin pour se rendre à son chevet. Il propose d’aller lui-même quérir un médecin sur le continent, dans la ville d’Horntown, malgré la méfiance des insulaires. Mais avant de prendre la mer sur son fragile esquif, les parents de Sarah éplorés lui confient le journal intime de leur fille décédée. Peut-être ce dernier contient-il des indices qui permettront de guérir Mary…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un décorum de XIXème siècle parallèle, quelque part entre l’époque victorienne, l’univers des marins pêcheurs, celui des sectes et de la volcanologie, ce Magma ressemble tout d’abord à une énième variation autour du thème d’Alice au pays des merveilles. Une gamine disparait en effet dans des limbes en suivant un lapin… et puis ensuite, ça n’y ressemble plus du tout. Ça ne ressemble d’ailleurs plus à rien de bien connu et d’identifiable, dans un registre hybride mi historique mi fantaysiste. Mais à vrai dire, on peine à s’enthousiasmer un cœur de propos confus et une narration alambiquée de Nicolas Bastide, en auteur complet, qui alterne deux époques : ce qui est arrivé jadis à Sarah sur fonds noirs, et l’enquête largement imprégnée d’ésotérisme d’Asiel, vingt ans plus tard, sur fonds blancs. Le point névralgique à travers le temps et les limbes oniriques et telluriques, se trouve être le cœur d’un volcan, sur une île réputée maudite, et une faille éthérée qui permet d’être en contact avec son magma qui fait… des trucs bizarres, qu’on n’a pas trop compris. En revanche, le dessin encré est très chouette. Il multiplie les profondeurs, les angles subtils, les décors imprégnés d’austérité, de satanisme et d’avis de tempête.