L'histoire :
Ancien aristocrate ayant renié son milieu, ancien républicain déchu à cause de ses origines, le général Claude François Malet n’a jamais vraiment trouvé sa place parmi l’élite militaire et politique de la fin XVIIIe siècle. Sous le première empire, la cinquantaine bien trempée, il est interné à la « maison de Santé » pour ses tentatives de putschs ratés à l’encontre de l’empereur Napoléon 1er. Il y côtoie des prisonniers politiques de tous poils et sympathise notamment avec l’abbé Lafon, un ultra royaliste avec qui il fomente un coup d’état génial. En août 1812, il décide subitement que l’empereur est mort durant sa campagne de Russie, d’une balle dans la tête. Avec l’aide de l’abbé, il fait rédiger un sénatus-consultes annonçant aux instances politiques la mort de Napoléon et s’accorde les pleins pouvoirs pour assurer l’intérim. Peu importe que Napoléon ne soit pas mort : le plus important c’est que tout le monde y croit ! Bouillant, décidé, à la limite de la démence, il s’entoure alors d’une poignée d’incompétents susceptibles de le suivre dans cette folie et organise son évasion. La « mort » de Napoléon est prévue pour la nuit du 22 au 23 octobre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot politico historique témoigne d’une parfaite connaissance du Premier Empire, mais surtout des rouages qui permettent de faire ou défaire des régimes politiques. Initialement publié en noir et blanc en 2010, revoici cette pépite signée Nicolas Juncker en version (sobrement) colorisée par Brice Follet. Le scénario est légèrement romancé à partir de faits réels et pourtant absents des manuels d’histoire, comme il l’explique dans la postface. Ce coup d’état a réellement failli réussir alors qu’il était mis au point par un « fou » et reposait uniquement sur le phénomène de la rumeur. Ce plan machiavélique paraît pourtant tellement simple… Avec un savoir-faire inouï, Juncker joue avec nos nerfs et construit son récit à la manière d’une pièce de théâtre. Présentation des protagonistes, étalage de la conspiration, puis place à l’action en 5 actes, avec un point d’orgue pathétique à la fin du 4ème. C’est subtil, palpitant, en un mot : génial ! Ses encrages, tout en noir et blanc, stylisés et parfaitement maîtrisés, sont à la hauteur de sa chronique historique. Ce « petit » pavé (petite taille, mais 160 pages qui se lisent d’une traite) réédité par Glénat dans sa collection Treize Etrange s’avère être un grand moment du 9ème art !