L'histoire :
La longue marche à travers la Chine, qui conduira Mao Zedong à la tête du parti communiste chinois, est une épopée légendaire dans l'histoire officielle du pays. Alors que le pays connaissait des affrontements critiques entre communistes et nationalistes, c'est la volonté des hommes menés par le futur leader qui permettra la rassemblement des forces communistes et l'exil de Tchang Kaï-Chek. Lorsqu'en 1926, près de dix ans plus tôt, le front commun des communistes et du Kuomintang nationaliste connait ses premières tensions, Mao et Zhou Enlaï se rencontrent dans une banque de canton où des généraux russes se trouvent bloqués. Le premier échange entre les deux hommes sera déterminant dans la manière dont Mao va mener sa carrière politique et se donner tous les moyens de ses ambitions. La dimension évidente de Zhou Enlai sera un obstacle objectif pour le futur grand timonier. Le jour des funérailles de Zhou Enlai, sa veuve Deng Yingchao saisit l'occasion pour se confier, et révéler de quelle manière l'histoire officielle a caché l'opposition larvée entre les deux hommes. Elle dévoile des secrets bien cachés de l'épopée soi-disant héroïque. Et révèle à quel point Mao Zedong était prêt à tout pour assurer son pouvoir. Faisant preuve d'une cruauté terrifiante et d'un cynisme absolu à l'égard de son propre peuple...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette biographie très précise et débordant d'informations est un vrai travail d'historien, qui se focalise sur la prise de pouvoir de Mao, dévoilant les ressorts de son absolutisme et l'incroyable violence dont il a fait preuve. Le récit ne cherche pas à mettre en scène d'une manière particulière les faits qu'il relate, se contentant d'utiliser la technique habituelle du témoin qui raconte les évènements quelques années plus tard (ici en 1976). Le personnage de la « grande sœur Deng » permet ainsi aux scénaristes d'insérer quelques respirations dans leur album, qui n'en demeure pas moins très dense. La chronologie y est strictement respectée, tout comme la volonté de couvrir les grandes étapes de l'histoire de la chine communiste. Le dessinateur Rafael Ortiz fournit un travail réaliste de grande qualité, s'appropriant avec souplesse les visages des personnages historiques, et dépeignant un Mao Zedong très crédible. Le résultat final est didactique, à défaut d'être surprenant, la bande dessinée étant utilisée ici comme un vecteur d'informations dont la dimension narrative compte peu. C'est un choix conscient qui vise à respecter au plus près le propos du sinologue Jean-Luc Domenach. Et qui aiguisera la curiosité du lecteur qui aurait quelque peu oublié la fourmillante complexité de la situation chinoise au début du siècle dernier.