L'histoire :
Le décor défile tellement vite qu'il ne reste que des tâches de couleurs autour du bolide hurlant. Juan Manuel se réveille, agité par cette course qui le hante, il n'avait jamais piloté aussi vite. 4 Août 1957. En cette fin de saison, rien n'est joué entre Fangio et Hawthorn pour le titre mondial des pilotes. Optant pour une tactique différente de celle de Ferrari, Fangio et Bertogghi, son mécano, doivent gérer la course au plus serré. Pour cette raison, Juan Manuel prendra un départ en deçà des performances dont il est capable, pour monter les pneus à température et ensuite « envoyer taquet et les fumer sévèrement » selon Bertog. Après une brève interview, Fangio s'installe dans le baquet de la Maserati, en pole position. Et c'est parti dans un vacarme assourdissant ! Les bolides s'élancent comme des diables sortis de leurs boîtes sur le circuit réputé le plus coriace de tous. Après un début tout en mesure, l'argentin lâche les chevaux et s'installe en tête avec une avance qui atteindra bientôt 30 secondes, un minimum à assurer puisqu'il effectuera un ravitaillement que Ferrari ne fera pas. Mais la course est la course et leur stratégie est rattrapée par les turpitudes d'un boulon papillon qui se bloque lors de l'arrêt au stand. Avec presque une minute de retard sur ses adversaires, il va devoir prendre tous les risques pour se hisser une fois de plus sur la plus haute marche du podium et par là-même, devenir champion du monde des pilotes pour la cinquième fois…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nurburgring 57, un mythe dans l'histoire de la F1… C'est le moment où l'artiste du volant Juan Manuel Fangio entre dans la légende. Alors qu'il dispose d'une voiture moins performante que celle de ses principaux adversaires et qu'il accuse un retard quasi insurmontable, il va conquérir l'ultime et plus beau titre de sa carrière. A partir de maintenant, Fangio sera synonyme d' « as du volant », au même titre que Frigidaire représente désormais tous les réfrigérateurs. Merlin partage ici sa passion pour l'automobile, à travers cette évocation d'un moment historique. A la fois rétro et très modernes, les planches nous immergent dans la fièvre vrombissante d'une époque à jamais révolue. Les dialogues sans bulle incitent à rentrer littéralement dans le dessin, une sensation tout à fait singulière. Et cette innovation pour figurer le bruit des moteurs hurlant, audacieuse. Seul l'abrupt de la conclusion vient souligner un vide certain dans une œuvre qui aurait gagné à s'attarder davantage sur la course et le duel chevaleresque entre Hawthorn et Fangio. L'affrontement sur la piste est en effet un peu trop survolé pour permettre de savourer pleinement le voyage temporel. Il n'en reste pas moins le plaisir de capter un peu de l'odeur d'huile chaude et d'essence qui régnait sur la piste à l'époque. Des biographies express ainsi qu'une présentation du « ring » permettront de se mettre dans l'ambiance de ce bel âge de l'automobile ; et la couverture glacée devenue poster, de l'entretenir un peu…