L'histoire :
30 avril 1315. Enguerrand de Marigny s’apprête à être pendu. C’était l’un des conseillers du Roi Philippe Le Bel… 1268. Philippe, deuxième fils de Philippe III et petit-fils de St Louis, naît à Fontainebleau. Quand son frère aîné Louis meurt à 8 ans, il devient le prince héritier. Dans les arcanes du château, l’enfant assiste à l’exercice du pouvoir par son père Philippe III et l’agrandissement du territoire royal par les annexions, achat de fiefs, mariages. Il découvre également les rudiments de la chasse, domaine dans lequel il commence à exceller, faisant preuve de courage. Avec Frère Gilles, un moine rattaché à la couronne, il apprend la piété et l’instruction, essentiels pour faire de lui un futur grand roi. À ses côtés, il découvre que le droit est l’arme la plus efficace : celui qui connaît le droit a tout pouvoir sur les hommes ! Suite au décès de son père lors de la croisade d’Aragon, Philippe est couronné roi à 18 ans, le 12 janvier 1286 à Reims. Il devient Philippe IV plus connu sous le nom de Philippe Le Bel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi tous les rois qui ont composé l’histoire de France, on retient davantage Charlemagne, St Louis, François Ier, Louis XIV, Louis XVI… Surnommé, le roi de fer, Philippe Le Bel mérite pourtant de figurer parmi toutes ces têtes d’affiche (n’est-ce pas, Louis XVI ?). Il était surtout un fin stratège politique (« Ce n'est ni un homme, ni une bête. C'est une statue », disait de lui Bernard Saisset, premier évêque de Pamiers, contemporain de Philippe Le Bel). Ses faits d’armes pas toujours très moraux sont nombreux. Il s’oppose fermement au Pape Boniface, en bloquant l’argent qu’il percevait jusque-là du royaume de France. Il parviendra même à obtenir sa fuite pour garder la main sur la politique pontificale. Il cherche à obtenir l’allégeance de la Flandre contre Édouard Ier, roi d’Angleterre. Il n’avait que faire de territoires en plus car un fief coûte beaucoup d’argent. Il est bien plus intéressant pour lui d’avoir un seigneur obéissant. Il utilise tous les moyens pour récupérer un maximum d’argent, auprès des Templiers, du Temple, des Juifs, des Lombards. Tout cela n’avait qu’un seul but : la grandeur de la France. Finalement, on n’est donc pas très loin de la politique d’aujourd’hui ! Cette Histoire dense et tortueuse vit sous la plume efficace de Mathieu Gabella. Les manigances de palais sont formidablement retranscrites avec un vocabulaire non suranné, ce qui facilité la compréhension. Le procédé narratif non linéaire utilisé au début ajoute une dose de suspense à l’ensemble. Elle sert de fil conducteur comme cela était déjà le cas pour Vercingétorix. Le dessin de Christophe Regnault offre une grande expressivité aux personnages, propose des symboliques fortes (planche 26. le calice qui tombe répandant le sang du Christ) et gratifie de quelques scènes de batailles puissantes (Courtrai, 1302, Mons en Pévèle, 1304). Qu’on se le dise, entre Vercingétorix et Philippe Le Bel, cette collection s’ouvre une voie royale.