L'histoire :
Dans les rues de Moscou, en Mai 1682, une foule rassemblée devant le Palais à Facettes du Kremlin réclame des preuves de vie d'Ivan. Les Streltsi, soldats qui représentent le peuple, menacent le pouvoir, si le fils ainé du tsar n'est pas nommé empereur, ils pensent qu'il a été assassiné pour laisser la place à son demi-frère Pierre. Il faut exhiber les deux garçons à la fenêtre du palais pour calmer la foule, puis se met en place une double gouvernance : Ivan et Pierre règneront côte à côte, laissant de facto le pouvoir à leur demi-sœur ainée et adulte Sophie Alexeïevna. Les deux garçons grandissent, Pierre constitue autour de lui une petite armée de soldats fidèles, pour le protéger d'une éventuelle future révolte des Streltsi. Il exprime également clairement son mépris pour le manque d'ambition des politiques menées par la Russie et le prince Golitsyne. Pierre ne tolère pas de voir les pays voisins enchainer des victoires et rêve déjà d'une Russie puissante. Il ne tardera pas à écarter la régente, s'attirera la faveur du peuple en fréquentant les tavernes. Lorsque la mort d'Ivan survient alors qu'il n'a que 29 ans, il devient le seul souverain de Russie. Une de ses premières décisions sera de lancer une attaque sur le port d'Azov, pour accéder à la mer Noire. Mal préparée, elle sera un échec, mais la seconde tentative réussira. Cette victoire sur l'empire Ottoman sera fêtée dans les rues de Moscou en septembre 1696. Une première étape qui va précéder un grand voyage en Europe : Amsterdam pour les secrets de la navigation, Londres pour y observer le parlement, Vienne puis la Pologne pour y nouer des alliances. C'est le début de la modernisation de la Russie, et de sa soif d'expansion.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouveau tome de la collection Ils ont fait l'Histoire est une description factuelle, au premier degré et sans fil rouge particulier, des premières années de règne de Pierre le Grand. Bourré de références à des personnages qui demandent un peu de culture historique, l'album est assez difficile à suivre si on ne prend pas le temps de quelques recherches sur le net. Cette biographie est un exemple type de la difficulté du choix entre la mise en scène d'un personnage et l'exhaustivité de ce que les auteurs choisissent de raconter. Le choix ici est d'en dire beaucoup, de commencer tôt et de tenter de mettre en scène malgré tout la cruauté du jeune tsar. Cela donne quelques passages impressionnants, en particulier en fin d'album, mais une lecture assez peu immersive, car il manque le temps de la montée en puissance pour tous les faits historiques relatés. La partition graphique est plutôt réussie, avec des décors fouillés et un Pierre le Grand dont le visage se déforme souvent sous la colère ou l'impatience. C'est d'ailleurs plus sur le plan graphique que le tsar trouve une incarnation, le dessinateur fait beaucoup pour générer un peu de tension dans cet album. Un exercice pas simple, qui suscite néanmoins une curiosité sur une part des origines de la Russie contemporaine.