L'histoire :
La fine équipe de la rédaction du journal Motocoincoin se réunit au complet dans la salle de conférence. L'heure est grave. Le chef de la rédaction se rend compte, après une étude qualitative menée sur un échantillon représentatif de la population motarde, que le lectorat n'est pas en capacité technique de lire le journal dans son intégralité. Effectivement, l'étude montre que les motards ne font que regarder les images et referment le journal. Durant l'exposé du rédacteur en chef, David, un jeune journaliste bougonne sans cesse. « Je ne suis pas d'accord !». Après plusieurs invectives, le rédac'chef donne la parole à David. Ce dernier indique d'un air malicieux qu'il a trouvé une autre solution : le sport. Après la présentation de son acolyte, le journaliste sportif Bruno Gylette, et une vanne sur les rasoirs du même nom, David présente le curriculum vitae du pilote choisi : Valentin Brelon, qui débute en moto GP. Intégré à l'équipe ASPI-TEAM dirigé par un magnat de l'agro-alimentaire, pape du cornichon, un certain Abdul Leflouz et managé par un espagnol Alfonso Virolo. Au vu des doutes du rédacteur en chef, David assure que c'est une bonne idée. Il va jusqu'à miser son propre salaire sur lui. Vu que le fameux pilote passe plus de temps à courir après sa moto que dessus, le pari est plus qu’osé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après les Joe Bar Team, Sam speed ou encore Les fondus de moto, les auteurs de bandes dessinées sur le thème de la moto humoristique ne suivent plus forcément une trajectoire esquissée par les prédécesseurs sur la chaussée sinueuse du rire... mais une grosse ornière. Tout le monde roule ou tombe dedans, c'est au choix. Nous ne comptons plus les essais plus ou moins réussis de nous dérider les zygomatiques à coup de « carbu lulu », de pots d'échappement « Ninja » et des virées avec la poignée des gaz à coin finissant sa course dans un mur ou un bac à sable... Bref tout cela pour dire que nous avons à faire à une énième tentative… manquée. C'est dur ! Oui, certainement, peut-être à la hauteur de la déception. Le scénariste Christophe Pinon, best-seller dans le monde moto avec son livre 18, donne de la matière à Eric Herenguel, dessinateur, en charge de transformer l'essai dans le 9ème art. Focalisé sur le ressenti des pilotes plutôt que sur l'immersion dans le monde de la moto GP, l'album ne convainc pas. Assemblé comme une compilation d'histoires complètes en deux ou trois planches, à la Gaston Lagaffe, les gags ne font que trop rarement esquisser un sourire. Les routines « gaguesque » qui amènent les chutes des histoires sont bien trop grossières pour laisser entrevoir une surprise ou un jeu de mots intéressant. Malgré un choix graphique pas déplaisant et un réel effort sur les montures et l'effet de vitesse, le contexte de développement de l'histoire manque cruellement de punch et de crédibilité. Pouvons-nous imaginer un pilote assez nul pour courir après sa monture ou s'écraser dans les bacs à sable le long du circuit, tout en étant assez bon pour figurer parmi l'élite de la moto GP ? Dommage que le réalisme dans le thème de la moto ne perce pas. Une série comme Warm Up avait passablement ses défauts, mais elle rendait la part-belle au pilote de la moto GP. Au final, peut-être faut-il se rendre compte que les gags n'ont pas besoin d'être grotesques pour être drôles…