L'histoire :
Luc a des rêves plein la tête. Pour lui tout est possible, rien ne l’arrête, tout est permis ! Jusqu’à ce jour dramatique où, suite à un accident de voiture, il perd la vue. Ce jour, pourtant, tout lui souriait : il venait de remporter le prix du meilleur court-métrage. Maintenant, il doit vivre avec cette cécité, pour un jour ou pour toujours ? Malgré tout, Luc reste enthousiaste et optimiste, il apporte de la joie et de la positivité autour de lui. Pourquoi personne ne lui parle de son prix ? Personne ne le félicite. Seul le silence règne quand il rentre dans une pièce. Pour ne pas inspirer la pitié chez les autres et être réduit à son handicap, il doit doubler ses efforts. Progressivement, la lassitude prend le dessus, il perd ses amis et sa vie d’avant. Il ne peut plus les suivre. Il reste seul chez sa grand-mère à attendre ce jour où tout réapparaîtra. C’est aux côtés des résidents du centre de réadaptation et de Joey son instructeur en locomotion qu’il va apprendre à devenir autonome et à vivre avec son handicap. Il y fait de nouvelles rencontres amicales et sentimentales. Retrouvera t-il l’entrain et la joie qui l’habitaient ? Devra t-il dire adieu à son rêve de réalisateur ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire de Luc se compose en trois temps : le présent dans le noir ; le passé en flashback de couleur ; et l’espoir sous forme de match de foot. Regards s’apprécie autant par la joie qu’insuffle le personnage principal que par la qualité graphique. J.Personne est connu à travers Love Corp, Junior ou encore Nuages, déjà paru chez Glénat, où il est aussi question d’aspiration, de rêve et de vie semée d’embûches. Orthoptiste de formation, l’auteur maîtrise son sujet et cela se ressent. Il réussit avec adresse à figurer les sensations d’un malvoyant, le souffle qui émane d'un flux de personnes en mouvement, la localisation des objets par le contact ou encore le son et l’odeur des choses. Comment réussir à s’imaginer le physique d’une personne à travers son prénom, son langage et son odeur ? C’est ainsi que Martine, l’assistante sociale de Luc, passe d’un physique de « prof chiante », à « une vieille binoclarde snob » pour finalement être comme : « la meuf de l’émission de déco de mamie ». Le graphisme évolue en même temps que Luc progresse. Les pages noires du début se remplissent petit à petit de couleurs et les silhouettes des personnages, au début en négatif, prennent formes doucement. J.Personne a réussi son pari de dessiner la perception mentale d’un malvoyant, mais également toutes les difficultés que celui-ci rencontre sur le chemin de son indépendance.