L'histoire :
Considéré comme le premier bâtisseur de New-York, Robert Moses ne savait pas conduire, mais il savait construire. Né dans une famille de la grande bourgeoisie germano-juive de NY, Moses a eu un parcours classique avec des études supérieures couronnées de succès. Animé par un désir de revanche prononcé (il est juif dans un univers blanc et protestant), il a envie de montrer qu’il faut compter avec lui. Il réalise son premier coup d’éclat en quittant Yale pour Oxford où il brille tout autant. Il parcourt le monde, de Pairs à Berlin, en passant par l’Égypte avant de revenir à New-York. C’est alors un jeune réformateur à la fois idéaliste et élitiste, engagé contre la corruption. Il ne travaille que bénévolement dans un bureau du Flatiron Building. Mais il a déjà plein d’idées en tête. Fustigeant le désordre et les lieux crasseux de la Grosse Pomme, il rêve de faire entrer la ville dans la modernité. Notamment construire dans Central Park des petits abris destinés aux jeunes mamans pour changer leur progéniture, prévoir des aires de jeux pour les jeunes de Harlem, créer des jardins le long de l’Hudson sur Riverside drive... Ce n’est que le début d’une grande aventure urbaine.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pendant plus de quarante ans, Robert Moses a transformé le visage de la mégapole New-York. Il est quasiment impossible de marcher, de rouler, de nager, de pratiquer un sport, de dormir sans utiliser une création de cet architecte visionnaire. La liste de ses réalisations est vertigineuse : 4 ponts, des autoroutes en pagaille (Long Island, Brooklyn-Queens), des plages, des jardins, un zoo, 600 aires de jeu, 700 terrains de basket, 17 piscines, des milliers de logements… Pourtant, bon nombre de ses habitants (comme la plupart des français) ignorent son nom. Il fallait tout le talent de Pierre Christin pour réparer cet outrage à un maître de l’ouvrage. L’auteur de Valérian, féru d’architecture et passionné par les États-Unis (il y vit une bonne partie de l’année) était le plus à même de se lancer dans cette belle entreprise. Dans un style pédagogique teinté de traits d’humour, il nous raconte, en 4 chapitres, le destin d’un homme, ami de Walt Disney, qui voulait changer la ville pour faciliter la vie de ses concitoyens. Un homme qui était également controversé (raciste pour les uns, plus sûrement insensible à la pauvreté et à la misère pour les autres), car ses projets ont eu de grandes conséquences sociales (Ah ! la patte Christin). Il a éradiqué sans états d’âme d’anciens quartiers populaires pour mettre en place ses projets. « On ne peut supprimer les ghettos sans faire bouger leurs habitants et je salue le cuisinier qui saurait faire des omelettes sans casser des œufs. » aimait répéter Moses. Au dessin, on retrouve Olivier Balez (déjà auteur avec Christin de Sous le ciel d'Atacama) qui nous avait enchantés avec le Chanteur sans nom et J’aurai ta peau Dominique A. Il nous gratifie ici d’un trait encré dynamique tout en élégance, qui sublime les lignes des buildings, des ponts et autres highways. Et que dire des couleurs, toujours aussi sublimes. Au final, ce roman graphique captivant permet de découvrir autrement New-York, une ville qui ne dort jamais, comme aimait le chanter The Voice…