L'histoire :
Afrique du Sud, Province de Cap Town, Région des vignobles, Stellenbosch. Pourchassé, Sam est repris par les exploitants qui le traînent devant les autres employés. Sans que l'on sache pourquoi, il est fouetté sous les yeux de son jeune fils Nelson et de la petite Éva, fille du propriétaire des lieux, Kobus Pienaar. 25 ans plus tard, Nelson et les autres employés réclament une augmentation de salaire à Éva et à son père. Mais il ne reçoit pas gain de cause. Fou de rage, Nelson prend sa moto. Lors de son échappée, il entend le cri d'une femme et vient à son secours. C'est Nkosazana ! Son bébé de deux mois a disparu... Un peu plus tard, Sam est retrouvé mort alors qu'il vient de découvrir le cadavre d'un nourrisson dans les rangs de vignes, attiré par les mouches. Le lieutenant Shepperd est chargé de l'enquête. Il se rend sur place pour interroger les différents protagonistes. Pendant ce temps, au Parlement de Cape Town, le ton monte entre l'EFF, le parti d'extrême gauche, l'ANC parti socialiste présidé jadis par Nelson Mandela, à propos de la question de l'attribution des terres. Au milieu de ce beau foutoir, Mark Savela essaie tant bien que mal de rapprocher les deux points de vue, au nom du principe de la réconciliation nationale, voulue par le prix Nobel de la paix 1993...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Rio, Corentin Rouge met le cap sur l'Afrique du Sud, dans un thriller politico-social intense et palpitant. Au scénario, on retrouve Caryl Férey, grand voyageur devant l'Éternel et écrivain atypique spécialisé dans le roman policier, à qui l'on doit notamment Zulu. Ce roman multi-primé a été d'ailleurs adapté au cinéma sous la houlette de Jérôme Salle (avec Orlando Bloom et Forest Whitaker au casting). Sangoma est un scénario original qui ne laisse pas indemne, où les émotions sont au rendez-vous. Caryl Férey tisse une intrigue à tiroirs de très haut niveau, distillant les indices, sans éventer le suspense, laissant s'ouvrir la boîte à secrets... qui explose en pleine figure. Espérons que ce retour à la bande dessinée soit suivi de nouveaux scénarios ! On en redemande ! Le dessin de Corentin Rouge est à la hauteur du récit. Son trait est encore précis et enlevé que sur Rio. Ses cadrages cinématographiques (page 32 avec un zoom saisissant !), son sens du détail, sont parfaits pour capter les émotions des différents protagonistes. Il alterne entre des doubles pages de respiration, joue avec les formes de cases pour donner du rythme. Plus rien ne nous surprend chez cet auteur désormais confirmé, tant il valide les espoirs que le 9ème art avait placé en lui.