L'histoire :
Né infirme le 2 février 1754, le petit Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, est doté d’un pied bot qui lui vaudra le rejet de ses parents, ces derniers lui préférant son frère puiné pour embrasser la carrière militaire. Confié à son arrière-grand-mère, l’enfant va alors développer une intelligence supérieure afin de combler son handicap physique, ce qui lui permettra de gravir sans encombre tous les échelons de la haute société, digne de son nom et de son rang. Jusqu’à l’entrevue d’Erfurt en 1814, où il joua double jeu en trahissant Bonaparte face à Alexandre 1er, l’empereur de Russie. Pour autant, alors que se prépare la désastreuse Bataille de France et que la régence est confiée à l’impératrice Marie-Louise, Bonaparte confie à Joseph Fouché qu’il est préférable d’avoir un homme tel que lui avec soi, plutôt que contre soi. Alors le « prince » va travailler en sous-main à gagner la paix en Europe avec les forces coalisées contre la France. Car pour lui, l’État prime sur celui qui le dirige. Et sans plus aucune légitimité, Bonaparte se doit d’accepter la reddition de ses troupes, alors que, magnanime, le Tsar laisse les troupes françaises quitter Paris librement. Et après la déchéance de l’empereur, Talleyrand assure un temps la régence avant de laisser le retour au pouvoir à Louis XVIII et aux Bourbons, tout en préparant le grand rôle de sa vie. Le protocole de paix sera signé à Vienne entre les quatre grandes puissances alliées – l’Autriche, la Russie, l’Angleterre et la Prusse – sans qu’il y soit convié. Réussissant finalement à y intégrer la France, Talleyrand ne pourra, malgré tout, empêcher le retour d’exil de l’empereur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Agent général du clergé, député aux états généraux sous l’Ancien Régime, président de l’Assemblée Nationale et ambassadeur durant la révolution française, Ministre des relations extérieures sous le Directoire, sous le Consulat puis sous le Premier Empire, président du gouvernement provisoire, ambassadeur, Ministre des affaires étrangères et Président du Conseil des Ministres sous la restauration et enfin ambassadeur sous la Monarchie de Juillet, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, surnommé le « diable boiteux », a occupé des postes de pouvoir politique durant la majeure partie de sa vie, et sous la plupart des régimes successifs que la France a connu à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème. Autant dire qu’il trouve parfaitement sa place dans la série des grands personnages qui ont fait l’histoire de France. Les auteurs, dont Emmanuel de Waresquiel, historien et professeur à l’École Pratique des Hautes Études, après un léger passage sur l’enfance de Talleyrand, s’orientent sur l’un de ses principaux faits d’armes, à savoir le congrès de Vienne. On y retrouve, en amont du congrès, un homme d’esprit et d’intelligence, qui a compris que le règne de Bonaparte était fini et qu’il fallait sauver la France avant de négocier avec les puissances vainqueures, afin qu’elles conservent sa place sur l’échiquier mondial. Et il y réussira, construisant en fin politique, l’Europe actuelle. Très bien traitée par une mise en page claire et des dessins léchés et légers, l’histoire se suit assez facilement, sans être gavée de textes, quoique par quelques encarts tout de même. Mais sans grandes actions dynamiques, l’histoire qui traite principalement de politique, de négociations et autres intrigues de pouvoir, pourrait bien essouffler les lecteurs et lectrices. Surtout quand il faudra s’enquiller, en plus, les 6 pages de dossier historique, devenues désormais récurrentes à la fin de cette série. Il serait bon de prendre soins que les BD historiques ne deviennent pas des livres d’histoires, simplement avec des dessins et des bulles.
