L'histoire :
Kozo Okamoto est un terroriste communiste japonais, membre de l'Armée Rouge Japonaise. Son combat, il l'a mené sans merci et au prix de nombreuses vies jusqu'aux confins de la Palestine où il s'est aussi battu pour la cause palestinienne. La naissance de l'Armée Rouge japonaise est issue d'un mouvement de contestation d'étudiants universitaires qui réfutent l'inflexibilité du régime japonais au pouvoir. La contestation va vite virer à la défiance puis à la révolution avec une faction de guerriers plus sanguinaires les uns que les autres. La défense de la cause n'a pas de prix et coûtera de nombreuses vies, même au sein de sa faction où la dévotion de chacun des membres est mesurée jusqu'à l'extrême. Les attentats se multiplient et les membres de l'armée rouge les plus radicaux sont prêts à mener leurs actions au prix de leur vie. La notion d'attentat-suicide est née et mènera son principal protagoniste jusqu'en Israël où il y défendra la cause du peuple palestinien.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'Armée Rouge Japonaise est un peu le pendant d'Action Directe ou de l'Armée Rouge en Italie. Son combat est violent et sans merci. Plusieurs de ses protagonistes ont marqué les pages les plus sombres de l'histoire du Pays du Soleil Levant. Ses membres, plus radicaux les uns que les autres, sont devenus des figures de proue du terrorisme mondial. Le récit, extrêmement bien ficelé, de cette bande dessinée, grossit un peu le trait de ces révolutionnaires prêts à donner leur vie pour mener des combats qui ne sont pas les leurs, juste pour nourrir leur farouche détermination à déstabiliser l'establishment. Le scénario intelligent de Frédéric Maffre veille bien à ne pas sacraliser une cause qui ôtera la vie à de nombreux innocents, mais met en lumière l'ineptie de ces combats menés de manière radicale et totalement irréfléchie, faisant passer certains des combattants pour des fous furieux abreuvés de haine et de sang. Le dessin de Ruiz est particulier puisque les personnages du récit, dont la plupart ont réellement existé, ressemblent plus à des personnes de type européen, plutôt qu'asiatique. On est très loin du manga et ce parti-pris souligne le but de faire transparaître les sentiments des acteurs au lecteur. Le trait est vif, explosif, équilibré et superbement mis en valeur grâce à une mise en couleurs judicieuse qui segmente parfaitement les actions des révolutionnaires dans le temps. Voilà une belle occasion de (re-)découvrir les luttes meurtrières menées par les factions à l'origine des attentats-suicides qui ont marqué de leur empreinte le siècle dernier.