L'histoire :
Dorian Singer a deux activités : l’élimination de personnes sur mandat et la recherche scientifique. L’homme possède assez d’imagination et d’abnégation pour allier ses deux passions avec brio. A chaque exécution, Singer en profite pour réaliser une expérimentation humaine. La dernière en date, qui a eu lieu dans les cultures expérimentales franco-britanniques dans le sud du Sahara, a quelque peu mal tourné. Le scientifique faisant l’objet du mandat d’exécution s’est transformé en quelques secondes après l’injection en un joli squelette dépourvu de chair. Evidement, les exécutions ne passent pas inaperçues, l’inspecteur Melville est sur les traces de Singer. En parallèle, une excursion dans le laboratoire de recherche au cœur du grand palais à Paris est menée par la détective privée Kerveillan. Cette dernière est mandatée par une riche rentière pour retrouver son mari dont elle n’a plus de nouvelles depuis un bon mois. D’après les dires de sa cliente, il travaille pour le ministère de la contamination. Le hasard pousse Singer, Melville et Kerveillan à faire équipe au sein du grand palais pour échapper aux forces spéciales lancées à leur trousse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Terra Prohibita se déroule dans un contexte de science-fiction post-apocalyptique, après l’anéantissement d’une partie du territoire terrestre par une nature aussi luxuriante que dangereuse. Ce récit placé au début d'un XXème siècle de steampunk est un véritable petit bijou en termes de recherches graphiques et architecturales. La cité aérienne britannique, en particulier, avec un style fleurtant avec le mouvement art nouveau est superbe. Il y a énormément de travail de conception, de création et de recherche graphique pour la représentation du monde post-apocalyptique. Le dessin est subtil, réaliste et l’ensemble est très détaillé. Le rendu graphique est l’œuvre de Patrick Laumond qui n’en est pas à son galop d’essai avec Denis-Pierre Filippi dans la biosphère du 9ème art. Il y a une dizaine d'années, les deux auteurs ont déjà collaboré sur la série John Lord (les Humanoïdes associés). Comme à son accoutumé, le scénariste aime rendre l’intrigue de ses premiers tomes complexes. Ce premier opus de Terra Prohibita n’échappe pas à la règle. Bien malin est le lecteur qui imagine dans quelle direction va se diriger le récit. Le scénariste fait le choix de mener en parallèle deux récits avec des protagonistes différents, qui se rencontrent pour ne plus former qu’une seule histoire. En découle bien évidement de nombreuses questions et points en suspens que le récit révèlera dans les prochains tomes. Même si l’intrigue est distillée avec parcimonie dans ce premier tome, ce qui en frustrera certains, Filippi possède assez de bouteille pour ferrer le poisson et donner envie aux lecteurs de poursuivre la série. Ainsi, cette nouvelle série est portée par un dessin de grande qualité, avec une recherche graphique forte du monde post-apocalyptique, et elle est dirigée d’une main de maître par un scénariste qui sait mener une intrigue riche sans la rendre impénétrable.
