L'histoire :
Héraclès arrive à Trézène, au palais de Pitthée. Il est accueilli en héros et son cousin Thésée est fier de le connaître. Il est particulièrement impressionné par l'incroyable tunique qui recouvre le héros : c'est la peau de lion de Némée, un de ses plus coriaces adversaires. Thésée demande ensuite à sa mère si Héraclès est son père, mais elle lui répond qu’il saura l'identité de son père quand il sera prêt. Dix ans plus tard, Thésée est devenu un bel homme vigoureux. Il revient voir sa mère et lui demande à nouveau qui est son père. Cette fois-ci, elle lui avoue tout : sous le pouvoir de Poséidon, le roi Égée a eu une relation avec elle et Thésée est né de cette union. Il a dû cacher son fils loin de son royaume, car il y a de nombreux prétendants au trône et ils auraient pu tuer Thésée. Une première épreuve attend le jeune homme : s'il arrive à soulever un gros rocher à l’entrée, il trouvera un message de son père. Thésée y parvient et y voit une épée et des sandales. Il comprend que son père l'attend dans son royaume, à Athènes. L'épée indique que son voyage et son retour dans sa terre natale sont dangereux !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection consacrée aux grands héros de la mythologie grecque continue avec ce tome dédié à Thésée, le célèbre vainqueur du Minotaure. Cette fois, un tome suffira à résumer toute la vie du fils d’Egée, alors que plusieurs sont consacrés aux aventures de Jason. Choix étonnant de la part de Clotilde Burneau (qui scénarise les opus précédents) ; et ce choix discutable se retrouve également dans cet album. En effet, le début est très prenant et prend le temps de raconter l’enfance de Thésée puis son ascension. On apprend ainsi des épisodes méconnus dans son trajet entre Trézène et Athènes, avec des mésaventures liées à des rencontres qui sont comme autant d'épreuves initiatiques. On vit de l’intérieur la grandeur du personnage qui parvient à se sortir de toutes les situations et qui arrivent même à châtier les criminels en leur infligeant le même sort qu’ils font subir aux autres. Malheureusement, tout le reste, c'est à dire l’essentiel du mythe, est expédié à grands coups de cuillères à pots (ou plutôt de cochlearium). Il faut dire que faire tenir toute l’histoire de Thésée en un volume est plus compliqué que de sortir du labyrinthe de Dédale. Ainsi, l’exploit de Thésée dans le labyrinthe et son combat contre le Minotaure, son retour à Athènes et la mort du roi Egée, son amour maudit avec Phèdre et la mort tragique d’Hippolyte sont extrêmement rapidement traités. On en oublie ainsi toute la psychologie des personnages et la beauté vénéneuse des femmes qu’il rencontre : la douceur et la candeur d’Ariane, la puissance fourbe de Médée et la passion dévorante de Phèdre. Voilà autant de grands moments qui font la force et la beauté de ce mythe un peu dégonflé, faute de développement. On se contentera donc d'un résumé froid et insipide d’évènements pourtant uniques, qui auraient mérité un album à eux seuls. Phèdre aura eu beaucoup plus de vie et de force dans la pièce de Racine que dans cet album. Quel gâchis... car inversement, le mythe est pourtant superbement illustré par Mauro De Luca, supervisé par Didier Poli. Thésée prend une vraie dimension humaine et héroïque grâce aux traits harmonieux, forts et délicats de l’artiste. On sent la fougue et la puissance du mythe à toutes les pages. Le combat contre le Minotaure est remarquable de beauté et les planches sont vides de texte pour mieux laisser vivre le dessin dans ce choc des titans. cet album déséquilibré sacrifie donc l’histoire de Thésée (un comble pour le vainqueur du Minotaure !) en se perdant dans les dédales des contraintes commerciales.